Arrivés en tête du scrutin, les conservateurs ont proposé un partage du pouvoir aux libéraux-démocrates. En cas d'échec des tractations, les travaillistes ont fait savoir qu'ils étaient, eux aussi, prêts à négocier avec la troisième force du pays.
AFP - Les conservateurs ont offert vendredi un partage du pouvoir aux Lib Dems, troisième parti britannique, après avoir échoué de peu à obtenir la majorité absolue aux législatives de jeudi, mais le travailliste Gordon Brown n'a pas concédé la défaite et restait en embuscade.
Résultats définitifs portant sur 649 des 650 sièges*, le 7 mai à 16h30 (heure de Londres).
Parti conservateur : 306 sièges (+98), soit 36,1 % des voix
Parti travailliste : 258 sièges (-91), soit 29 % des voix
Libéraux-démocrates : 57 sièges (-5), soit 23 % des voix
* Le vote a été reporté au 27 mai dans l'une des circonscriptions.
"Je veux faire une offre large, ouverte et globale aux libéraux-démocrates. Je pense que nous disposons d'une base solide pour un gouvernement solide", a indiqué le chef de file tory, David Cameron, ajoutant que les négociations allaient démarrer "maintenant".
Le leader conservateur a cependant aussitôt restreint les domaines où il serait prêt à un compromis, en particulier sur l'Europe: les Tories excluent toute adoption de l'euro, tandis que les libéraux en font leur but "à long terme". "Je ne pense pas qu'aucun gouvernement devrait donner plus de pouvoir à l'Union européenne", a tranché David Cameron.
Le Tory a cependant accepté de lancer la réflexion sur la réforme électorale tant désirée par les libéraux de Nick Clegg.
MM. Cameron et Clegg se sont entretenus au téléphone vendredi en fin de journée. "Ils ont convenu d'explorer davantage les propositions en vue d'un programme de réforme politique et économique", a indiqué un porte-parole des Lib Dems. Une assemblée des députés libéraux a été convoquée pour samedi à 11h00 GMT.
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Selon les résultats officiels définitifs, les Tories ont remporté leur première victoire électorale depuis 1992, avec 306 députés (36,1% des suffrages), soit une centaine de mieux que lors des précédentes législatives de 2005. Mais les conservateurs échouent à 20 sièges sous la majorité absolue de 326 à la chambre des Communes, chambre basse du parlement.
Avec 258 élus et 29%, le parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown essuie son pire score en termes de suffrages depuis 1983, perdant plus de 90 députés.
Les Lib Dems sont arrivés troisièmes avec 57 sièges (23% des suffrages), soit cinq de moins que dans la chambre sortante, un résultat "décevant", a reconnu leur chef de file Nick Clegg. Le "troisième homme" n'est pas parvenu à transformer en sièges la soudaine popularité qu'il avait connue à la faveur des débats télévisés de la campagne.
Face à des négociations entre conservateurs et libéraux qui s'annoncent ardues, Gordon Brown reste en embuscade.
"Si les discussions entre M. Cameron et Clegg devaient échouer, alors bien sûr, je serais disposé à discuter avec M. Clegg des thèmes sur lesquels la conclusion d'une entente pourrait être possible entre nos deux partis", a-t-il souligné, sans reconnaître sa défaite électorale.
Nick Clegg avait peu auparavant estimé que les Tories avaient la "priorité" pour tenter de constituer un nouveau gouvernement. "Je pense qu'il revient maintenant au parti conservateur de prouver qu'il est capable de tenter de gouverner dans l'intérêt général", a déclaré celui qui, pendant la campagne, avait suggéré qu'il pourrait accepter de travailler avec le Labour, mais qu'il aurait du mal à collaborer avec M. Brown, usé par 13 ans de gouvernements travaillistes.
Pour prendre la tête du gouvernement, les conservateurs pourraient soit former un gouvernement minoritaire, soit s'entendre avec les Lib Dems ou avec de petits partis, comme les unionistes irlandais, qui recueillent huit sièges.
Cependant, les conventions permettent au Premier ministre sortant de se maintenir au pouvoir tant qu'il n'est pas devenu évident qu'il n'a plus de base pour gouverner, auquel cas il est acculé à la démission.
L'absence de majorité absolue aboutit au premier parlement "suspendu" (hung parliament) depuis 1974, une situation qui a fait chuter la livre vendredi, avant qu'elle se stabilise. La Bourse de Londres a par ailleurs connu une séance très volatile.