
Une semaine après le naufrage de la plateforme pétrolière, tous les regards se tournent vers la compagnie britannique BP qui exploitait le site.
"Responsable". Péremptoire, la ministre américaine de la Sécurité intérieure Janet Napolitano, a fait porter le chapeau du naufrage de la plateforme pétrolière, le 22 avril, au large de la Louisiane, à Beyond Petroleum (BP, ex-British Petroleum).
Huit jours après la catastrophe, le géant britannique est la cible privilégiée des critiques et tente d’organiser sa défense. Outre l’administration Obama et le Congrès américain qui veut "entendre les compagnies pétrolières", les éleveurs de crevettes de Louisiane ont réclamé, mercredi, 5 millions de dollars de dommages et intérêts à BP devant les tribunaux.
Le naufrage du super tanker "Exxon Valdez" en 1989 était jusqu’à présent considéré comme la pire marée noire que les Etats-Unis aient connue. Selon le rapport de 2008 du comité de surveillance de l’"Exxon Valdez", le navire a déversé 40,9 millions de litres de pétrole au large de l’Alaska.
C’est aussi le précédent de référence pour les victimes, présentes et futures, de la marée noire actuelle. Et l’issue n’est pas pour leur inspirer confiance. En effet, il a fallu attendre juin 2009 pour que toutes les procédures judiciaires soient terminées. Pourtant tout avait bien commencé.
En 1994, un jury avait condamné la compagnie Exxon à plus de 5 milliards de dollars de dommages et intérêts. Mais lors de l’appel, la Cour a divisé l'amende par deux. Encore insatisfait, Exxon a obtenu devant la Cour suprême le droit de ne payer que 507,5 millions de dollars en 2008. La société n’a versé que 75 % aux 38 000 parties civiles qui ont finalement obtenu d’un juge fédéral, en juin 2009, 480 millions de dollars supplémentaires d’intérêts de retard.
La profession accuse l’entreprise britannique de "pollution" et de "négligence". Elle entend également "agréger" toutes les victimes potentielles en cas de "class action". Outre les dégâts écologiques attendus, la marée noire devrait également avoir des effets devastateurs sur l’économie de la Louisiane.
L’action boursière de BP a déjà accusé le coup. Depuis le 22 avril, elle a en effet perdu 12 %, ce qui représente environ 20 milliards de dollars, selon le quotidien britannique "The Guardian". Un effondrement disproportionné, affirment les analystes, qui estiment que le coût des réparations et du nettoyage pour BP n’atteindra jamais une telle somme.
Cet affolement boursier montre en tout cas que l’image de BP commence à se détériorer. Cités par le "New York Times", des analystes de Wall Street affirment que, dorénavant, "des potentiels investisseurs vont être tentés de ne pas faire affaire" avec Beyond Petroleum.
Déjà dans le collimateur
Un risque bien compris au siège du groupe pétrolier qui a commencé à organiser sa défense. Dans un communiqué, il indique, vendredi, qu’il se "préparait à un effort majeur de nettoyage des côtes de Louisiane". Deux jours plus tôt, il avait rejeté la faute du naufrage sur Transocean, la société qui a construit la plateforme pétrolière.
Pour l'heure, la société fait valoir qu’elle dépense actuellement 6 millions de dollars par jour et que les réparations devraient lui coûter 300 millions de dollars. Le coût total du nettoyage des côtes dépendra de la quantité de pétrole deversé.
Ce n’est pas la première fois que Beyond Petroleum doit faire face aux critiques et aux conséquences financières d’accidents sur ses sites. En 2005, après une explosion dans une raffinerie au Texas, BP avait dû payer 87 millions de dollars pour violation des normes de sécurité. Un an plus tard, la société était condamnée au pénal à une amende de 20 millions de dollars pour une fuite dans un de ses champs de forage en Alaska.
Dernière épée de Damoclès à peser au-dessus de sa tête : une enquête fédérale actuellement menée sur une autre plateforme pétrolière, Atlantis. BP aurait négligé des consignes de sécurité afin de pouvoir finir les travaux d’installation plus rapidement.