Les actionnaires de Lagardère ont refusé de voir Guy Wyser-Pratte entrer au conseil de surveillance de Lagardère dont il détient 0,53 % du capital. Ces dernières semaines, le financier américain avait vivement critiqué la gestion d'Arnaud Lagardère.
AFP - Les actionnaires de Lagardère ont rejeté l'entrée au conseil de surveillance de Guy Wyser-Pratte, laissant ainsi les mains libres à Arnaud Lagardère, gérant commandité de la société, dont la stratégie était remise en cause par le financier américain.
Lors de l'assemblée générale annuelle mardi, 77,91% des actionnaires se sont opposés à son entrée au conseil de surveillance de Lagardère (EADS, Hachette, Larousse, Elle, Paris Match, Journal du Dimanche, Europe 1, Lagardère Publicité...).
Ils ont aussi massivement refusé la proposition du financier américain de faire évoluer la gouvernance, d'une société en commandite par actions vers une société anonyme.
M. Wyser-Pratte, qui détient 0,53% du capital de Lagardère, avait déposé ces deux résolutions fin mars, dénonçant la stratégie de M. Lagardère.
Mardi, le financier a promis aux actionnaires de s'investir "personnellement" dans le groupe s'il entrait au conseil de surveillance.
"Je ne vais pas uniquement me focaliser sur le cours" de Bourse de Lagardère, a-t-il dit, promettant de partager son "expérience" et ses "idées sur la stratégie" pour "faire progresser la société".
Sans convaincre, d'autant que M. Lagardère, qui a présidé l'AG, s'est montré offensif tout au long de la réunion avec les actionnaires.
"Je respire pour cette entreprise", a-t-il déclaré, refusant les critiques de "désinvolture" et de "démobilisation".
M. Wyser-Pratte a accusé ces dernières semaines Arnaud Lagardère de "mauvaise gestion", le qualifiant de "gentil garçon" qui préfère "aller jouer au tennis" plutôt que de "diriger son entreprise".
"En réalité, mon sport favori, c'est la boxe!", a lancé M. Lagardère.
Il est longuement revenu sur l'évolution de la société au cours des dix dernières années. D'un conglomérat "sans aucune synergie" en 1998, la société est devenue "un pure player" recentré sur les médias, a-t-il dit.
Endettement faible, marge d'autofinancement élevée, développement à l'étranger, reprise de la publicité, versement d'environ trois milliards d'euros de dividendes depuis une dizaine d'années, cession/acquisition pour 12 milliards d'euros depuis 1998, résistance à la crise: M. Lagardère a dressé un bilan "optimiste" de sa société.
"Evidemment, en 2009 le résultat a baissé d'à peu près 29%. Lorsqu'on se compare avec d'autres entreprises similaires à nous, qui sont diversifiées comme nous, que ce soit Time Warner, Rupert Murdoch ou Bertelsmann, vous vous apercevrez qu'en réalité la baisse de ce résultat est bien moindre", s'est-il félicité.
Arnaud Lagardère a également abordé les grands axes stratégiques pour les prochaines années.
Concernant le recentrage de l'entreprise sur les médias, M. Lagardère a évoqué la cession de participations minoritaires notamment dans Marie-Claire (groupe Amaury), Le Monde, dont Lagardère a créé le site internet, et dans Canal+, dont il détient 20%.
Soulignant que le groupe était "leader à peu près partout", il a affirmé qu'il pouvait également "être leader mondial" de l'industrie du sport qui pèse 70 milliards d'euros.
En revanche, il ne souhaite pas investir dans la musique, le cinéma, l'affichage et les grandes télévisions hertziennes et payantes.
Il a enfin mis l'accent sur la diversité qui permet au groupe "de faire face à des cycles économiques, à des cycles publicitaires, et aux cycles technologiques".
"C'est un équilibre important qui est peut être moins glamour que certains voudraient nous le laisser penser, mais ce qui compte c'est qu'on se développe (...) et qu'on rassure les actionnaires sur la solidité de cette entreprise", a-t-il assuré.