Le journaliste et opposant tunisien a recouvré la liberté après avoir purgé une peine de six mois de prison pour l'agression d'une femme d'affaires. Lors de sa condamnation, les défenseurs des droits de l'Homme avaient dénoncé un procès politique.
AFP - Le journaliste et opposant tunisien Taoufik Ben Brik a été libéré mardi après six mois d'emprisonnement, une peine à laquelle il avait été condamné pour violence dans un procès qualifié de politique.
"Il a été relâché à 06H00 (nldr: 05H00 GMT) après avoir purgé la totalité de sa peine, pas un jour de moins!", a annoncé son épouse Azza Zarrad, qui venait de recevoir un appel téléphonique de son mari libéré.
"Il était heureux de retrouver sa liberté après six mois en détention, une période interminable pour nous", a-t-elle dit à l'AFP, ajoutant que cette libération n'était "pas un signe de clémence".
"C'est une affaire injuste, nous n'avons rien pu faire face à l'oppression et à la
itcomplicité internationale", a poursuivi Azza Zarad, qui avait plaidé la cause de son mari au Quai d'Orsay et au Parlement européen à Strasbourg.
Taoufik Ben Brik, 49 ans, a quitté la prison de Siliana, dans le nord-ouest tunisien, où il avait été transféré après sa condamnation en première instance le 26 novembre 2009. Il devait regagner son domicile tunisois en fin de matinée.
Ecroué le 29 octobre, il a été condamné en appel le 30 janvier à 6 mois de prison pour "coups et blessures volontaires, dégradation des biens d'autrui et atteinte aux bonnes moeurs" suite à la plaine d'une femme qui l'accuse d'avoir embouti sa voiture et de l'avoir frappée et insultée.
Auteur d'écrits satiriques ciblant le président tunisien dans les médias français, le journaliste et ses défenseurs ont dénoncé une machination destinée à le faire taire.
Durant son procès, il a lui-même répété être la cible d'un "procès politique" dans le cadre d'une "affaire fabriquée par les services spéciaux" pour le punir de ses écrits. "J'ai été arrêté deux heures après la parution d'une interview imaginée" avec le chef de l'Etat, au moment de sa candidature pour sa réélection en octobre dernier, disait-il à la Cour d'appel.
Taoufik Ben Brik n'est pas publié en Tunisie mais avait fait paraître en France des articles et chroniques hostiles à la réélection de Zine El Abidine Ben Ali pour un cinquième mandat consécutif de cinq ans.
Très suivi en France et dénoncé comme un "procès d'opinion", son jugement avait suscité quelques crispations diplomatiques entre Tunis et Paris, où l'avocat français du journaliste Me William Bourdon a demandé son intervention au président Nicolas Sarkozy.
M. Ben Ali avait laissé entrevoir avant le premier procès une possibilité de grâce, en réponse à un appel de Jean Daniel du Nouvel Observateur, auquel collabore M. Ben Brik.
Sa libération avait été évoquée lors d'une visite le 15 avril à Tunis du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à l'occasion d'une réunion des pays du pourtour méditerranéen.
Le journaliste, qui est atteint d'une maladie dégénérative de ses défenses immunitaires, aura été relâché après 180 jours de prison au terme de sa peine, alors que sa famille avait dit craindre une prolongation de sa détention.
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