Des combats survenus vendredi entre l'armée du Sud-Soudan et des nomades arabes du Darfour dans un secteur à la frontière de ces deux régions sensibles ont fait au moins 55 morts et 85 blessés, a affirmé dimanche un chef tribal.
AFP - Au moins 55 personnes sont mortes lors de combats entre l'armée du Sud-Soudan et des nomades arabes du Darfour, dans un secteur à la frontière de ces deux régions sensibles où la situation demeurait "tendue", a affirmé dimanche un chef tribal.
"Nous avons 55 morts et 85 blessés dans notre camp", a dit à l'AFP Mohammed Issa Aliou, un chef de la tribu arabe Rezeigat, établie au Darfour, dans l'ouest du Soudan. "Il y a un grand nombre de Rezeigat qui se rendent actuellement dans le secteur afin d'aider les leurs. La situation demeure très tendue".
Selon des sources concordantes, les nomades arabes étaient en quête de pâturage et d'eau pour leur bétail au Bahr al-Ghazal Occidental, près du Darfour, lorsqu'une escarmouche a éclaté vendredi avec les soldats sudistes pour finalement dégénérer. La cause de ces violences demeure inconnue.
L'armée du Sud-Soudan avait indiqué samedi avoir été la cible d'attaques du côté du Bahr al-Ghazal occidental. Elle estimait que les "assaillants" n'étaient pas des membres des tribus nomades Rezeigat, mais des soldats de l'armée soudanaise.
"Une compagnie de 120 soldats du SPLA a été attaquée vendredi soir par des hommes armés portant des uniformes de l'armée nordiste et lourdement équipés", a déclaré dimanche à l'AFP Malaak Ayuen Ajok, porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), forces du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan.
"Il y a eu d'autres combats aujourd'hui (dimanche). L'armée soudanaise a pris contrôle de notre base à Balballa, nos hommes se sont repliés", ajouté le porte-parole militaire. "Nous n'avons pas de bilan, mais nous estimons qu'il y a des victimes au sein de nos troupes", a ajouté M. Akok.
Le chef de la police du Darfour-Sud, Fateh Rahman, a confirmé à l'AFP que des combats avaient bien eu lieu dimanche.
L'armée soudanaise a nié toute implications dans des combats avec les forces sudistes. "Nous ne sommes pas partie de ces affrontements. Il s'agit de combats entre les arabes Rizeigat et le SPLA (armée sudiste). Nos hommes sont loin de ce secteur", a dit à l'AFP Sawarmi Khaled Saad, porte-parole officiel de l'armée soudanaise.
"La situation est très dangereuse. Nous espérons que l'armée soudanaise déploiera des troupes dans le secteur", a souligné Mohammed Issa Aliou, chef du conseil consultatif (majlis al-Shoura) de la tribu Rizeigat.
Ces violences surviennent alors que les Soudanais attendent les résultats finaux de leurs premières élections multipartites - législatives, régionales et présidentielle - depuis 1986. Aucune source n'a établi de rapprochement entre ce scrutin et les combats à la frontière du Darfour et du Sud-Soudan.
Deux personnes ont été tuées vendredi soir à Bentiu, capitale de l'Etat sudiste d'Unité, lorsque la police a ouvert le feu sur des partisans d'Angelina Teny, candidate battue par son rival Taban Deng pour le poste de gouverneur de cette région pétrolière située à la frontière entre le Sud et le Nord-Soudan.
Il s'agit des deux seuls morts liés à l'annonce des résultats électoraux au Soudan, pays qui panse ses plaies de la guerre Nord-Sud (1983-2005) et est encore endeuillé par un conflit civil au Darfour. La commission électorale souhaite être en mesure d'annoncer lundi les résultats de la présidentielle qui devrait reconduire au pouvoir le raïs Omar el-Béchir.
Les observateurs de l'Union européenne ont reproché dimanche à la commission électorale de compiler "manuellement" les voix dans certaines régions du pays, ce qui ne permet pas selon eux d'assurer un décompte "transparent" et risque de miner "l'intégrité" du scrutin.