
Incarnation auto-proclamée du "changement", le candidat des "Lib-Dems" a fait bonne impression lors du premier débat télévisé. Mais ces origines très aisées risquent de lui coûter des voix auprès de l'électorat populaire. Parcours.
Qui est vraiment Nick Clegg, le candidat des libéraux-démocrates qui a fait si bonne figure lors du premier débat télévisé organisé en vue des législatives du 6 mai ? Lors d’une session de questions-réponses avec des étudiants de l’université de Cardiff, celui que l'on tient désormais pour l’outsider du scrutin a dû lever le voile sur quelques points de sa biographie.
Chris Williams, un étudiant en sciences politiques de 18 ans, l’a ainsi accusé de se présenter comme un "homme du peuple". Ce qu’il ne serait pas.
"Vous avez grandi dans une région riche du sud-est de l’Angleterre, votre père est banquier et vous avez fréquenté des écoles privées avant d’aller à Cambridge, a rappelé le jeune impétueux. En quoi êtes-vous si différent de David Cameron ?" a-t-il demandé en référence au candidat conservateur, présenté comme l’incarnation de la haute société anglaise.
De fait, depuis qu’il a pris la tête du Parti conservateur, David Cameron doit composer avec l'image élitiste qui lui colle à la peau. Après plusieurs années à Eton, une prestigieuse école privée pour garçon d’où sont sortis 18 Premier ministres britanniques, celui qui allait devenir le chef des Tories a poursuivi ses études à l’université d’Oxford, parmi les plus huppées du pays, et sa femme, Samantha est une descendante directe du roi Charles II.
La surprise du chef des "Lib-Dems"
Si le côté “bon riche, bon genre” de David Cameron est bien connu, celui de Nick Clegg a surpris plus d’un électeur britannique.
La lignée du candidat "Lib-Dem" remonte ainsi directement à l’aristocratie russe. Il a fait ses premières classes à la Westminster School à Londres, dont les frais d’inscription annuels s'élève à quelque 20 000 livres (23 000 euros). Sa famille détient un château en France et un châlet dans les Alpes. A Cambridge, il a étudié l’archéologie et l’anthropologie. Quant à sa femme, Miriam Gonzalez Duarte, elle est une avocate d’affaires internationales et la fille d’un sénateur espagnol.
Difficile dès lors de se faire passer pour l’"ami du petit peuple". C’est pourtant un passage obligé pour tout politicien britannique car au Royaume-Uni, les gens ont tendance à voter pour quelqu’un qui représente leur milieu social, quelqu'un auquel ils peuvent s’identifier", rappelle à FRANCE 24 Andrew Cooper, fondateur du cabinet d’études britannique Populus.
Lutte des classes... politiques
Des trois candidats au poste de Premier ministre, seul le leader du Parti travailliste, Gordon Brown, peut se prévaloir d’origines plus modestes. L’actuel locataire du 10 Downing Street, fils d’un prêtre écossais, a souvent fait référence à son appartenance à la classe moyenne.
De son côté, le Parti travailliste craint qu’attaquer de front les origines aisées de ses concurrents conservateurs et "Lib-Dem" ne lui fasse au final plus de mal que de bien.
En réponse à la question du jeune étudiant, Nick Clegg s’est défendu. Sans pour autant s’excuser. "Je n’ai jamais dit que je faisais partie du monde ouvrier. Mais j’ai toujours été un homme ouvert, a-t-il expliqué. Oui, j’ai eu de la chance, beaucoup de chances d’avoir une famille aimante comme la mienne. Je ne vais certainement pas nier que j’ai de la chance d’avoir de telles origines."
Les derniers sondages semblent indiquer que la popularité de Nick Clegg n’a pas été écornée par ces révélations. Mais, à l'heure actuelle, personne ne sait si elles influeront sur le choix des électeurs.
