
Le procès du meurtre du jeune Toulousain Brice Taton en septembre 2009 s'est ouvert ce mercredi à Belgrade. Dans le box des accusés : 14 hooligans baptisés les "croque-morts". L'un des groupes de supporteurs les plus violents d'Europe.
Dans la soirée du 17 septembre 2009, en marge d’un match de Ligue Europa, un groupe de supporteurs du Partizan Belgrade, l’un des deux grands clubs de la ville, s’acharne contre un jeune Toulousain, qu’ils laissent pour mort dans une rue de la capitale serbe. Sept mois après les faits, les meurtriers présumés de Brice Taton comparaissent devant la justice serbe. Dans le box des accusés : 14 membres des Irriducibili Belgrade, la branche néo-nazie des Grobari (croque-morts, en serbe), le plus grand groupe de supporteurs du club.
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Créés en 1970 durant les années de gloire du Partizan, les Grobari sont aujourd’hui constitués d’une multitude de groupuscules qui, à l’instar des Irriducibili Belgrade, se revendiquent nationalistes. Dans leurs rangs figurent des supporters proches des partis d’extrême droite ou d’organisations mafieuses. Mais c’est leur participation à la guerre de Yougoslavie, durant les années 1990, qui les différencie des hooligans anglais ou allemands.
Des champs de bataille aux stades
Le cas le plus célèbre de supporters à être passés des champs de bataille aux stades sont les Delije, les ultras de l’Étoile rouge de Belgrade, l’autre grande équipe de la capitale. Dirigés par un certain Zeljko Raznjatovic, plus connu sous le nom d’Arkan, les plus extrémistes des Delije ont été enrôlés dans les rangs des Tigres, une milice pro-serbe reconnue coupable de nombreuses exactions en Croatie.
Aujourd’hui, la majorité des Grobari viennent de Pancevo, quartier chaud de la banlieue de Belgrade, bombardé par l'Otan en 1999 pendant la guerre du Kosovo. "Les jeunes qui ont fait ça [tuer Brice Taton] sont des enfants de la guerre, déclarait Aleksandar Mihailovic, journaliste et supporter du Partizan Belgrade, en décembre 2009, sur FRANCE 24. Il est possible qu’ils aient une aversion pour les pays qui, comme la France ou les Etats-Unis, ont bombardé les Serbes."
Avec ce procès, l’Etat serbe, qui a posé sa candidature pour adhérer à l’Union européenne, veut tourner la page d’une histoire encore douloureuse. Les prévenus encourent une peine de 30 à 40 ans de prison.