Lors d'une messe durant laquelle il a condamné les agressions dont a été victime l'Église catholique, le pape a demandé aux chrétiens de "faire pénitence" après les scandales de pédophilie qui ont secoué le clergé ces derniers mois.
AFP - Benoît XVI a appelé jeudi les chrétiens à "faire pénitence", dans sa première référence directe à la tourmente des scandales pédophiles au sein du clergé depuis qu'il a été personnellement accusé d'avoir couvert certains auteurs de ces abus.
"Face aux attaques du monde qui nous parlent de nos péchés, nous voyons (...) qu'il est nécessaire de faire pénitence et donc reconnaître les erreurs commises dans notre vie", a déclaré le pape lors d'une messe au Vatican.
"La douleur de la pénitence, c'est-à-dire de la purification et de la transformation, cette douleur est une grâce parce que c'est un renouvellement", a poursuivi le pape devant les théologiens de la Commission biblique pontificale dans la Chapelle Pauline du Vatican.
Dans cette homélie improvisée, dont seuls quelques extraits ont été diffusés sur Radio Vatican, le pape a reconnu que "les chrétiens", "même ces derniers temps, ont souvent évité la parole pénitence, qui nous semblait trop dure".
Ces propos ont été interprétés comme "une forme de mea culpa" par le vaticaniste Bruno Bartoloni, interrogé par l'AFP. Selon lui, "le pape dit: on a commis des fautes et il faut se repentir".
"Le pape a parlé à bâtons rompus et dit ce qu'il avait sur le coeur", estime-t-il. Et Benoît XVI s'adresse à tous les fidèles car, a-t-il souligné, "ils doivent faire pénitence pour les pêcheurs, même s'ils n'ont pas eux-mêmes commis de faute".
Mais dans le même temps, Benoît XVI a eu des mots très durs à propos des "agressions contre l'Eglise", signes selon lui du "conformisme" ambiant qui a remplacé les "dictatures nazie comme marxiste". "Ce conformisme peut réellement être une vraie dictature", a-t-il affirmé, relevant qu'il rend "obligatoire de penser comme tout le monde, d'agir comme tout le monde".
Ce qui conduit le vaticaniste Marco Politi à parler d'une "intervention à double face". D'un côté, le pape "reconnaît l'exigence de la pénitence parce que l'Eglise doit se purifier de ses péchés", notamment des actes pédophiles commis par certains. Mais de l'autre, "il ne reconnaît pas le rôle positif des critiques et des polémiques surgies suite à la cascade de scandales, n'y voyant que le fruit de la dictature du conformisme".
Pour le chroniqueur du quotidien Il Fatto (gauche), les propos du pape "laissent les problèmes ouverts" alors que l'Eglise "traverse sa plus grave crise de crédibilité et d'autorité depuis les 200 dernières années".
Le pape s'exprimait pour la première fois depuis qu'il a été mis personnellement en cause le 12 mars, accusé par la presse allemande d'avoir couvert un prêtre pédophile lorsqu'il était archevêque de Munich (Allemagne). Il a ensuite été accusé par des médias américains d'avoir refusé de sanctionner un prêtre pédophile américain quand il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi jusqu'à son accession à la papauté en 2005.
Il n'avait pas évoqué ce sujet durant les nombreuses cérémonies de Pâques, au grand dam de nombreuses victimes.
Dans le même temps, le pape continue de recevoir des signes de soutien du Vatican mais aussi de l'extérieur.
Le responsable du clergé au Vatican, le cardinal brésilien Claudio Hummes, a appelé jeudi les prêtres "du monde entier" à se rassembler début juin sur la place Saint Pierre à Rome pour marquer leur "solidarité" avec Benoît XVI.
Le Réseau national des organisations laïques (Cnal), qui dit regrouper 67 associations laïques et mouvements religieux, a pour sa part appelé à une grande manifestation de soutien le 16 mai, également place Saint Pierre.