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Comment un volcan islandais peut-il perturber tout le trafic aérien du nord de l'Europe ?

Le nuage de cendres provoqué par l'éruption d'un volcan en Islande constitue une réelle menace pour les avions qui le traversent. Explications avec le journaliste scientifique Ted Neil.

Une centaine de milliers de passagers sont restés bloqués au sol, après la fermeture d’une vaste partie de l’espace aérien du nord de l’Europe, en raison d’un immense nuage de cendres volcaniques provoqué par une violente éruption volcanique en Islande.

Les cendres d’un volcan au sommet du glacier Eyjafjallajokull, la seconde éruption volcanique majeure en moins d’un mois, se sont éparpillées vers l’Est, traversant l’Atlantique, et forçant ainsi la fermeture d’importants aéroports à plus de 1 700 kilomètres aux alentours. Le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège et la Suède ont fermé leur espace aérien. De leur côté, la Belgique, la France, la Finlande, l’Allemagne, les Pays-Bas, et l’Espagne ont subi de nombreuses perturbations de leur trafic aérien.

“Les cendres volcaniques constituent une réelle menace pour les réacteurs des avions, explique à FRANCE 24, le journaliste et ancien géologue, Ted Neil. N’importe quel avion en provenance d’Europe vers les États-Unis prendra le risque de traverser un nuage, et ce n’est pas un risque qui en vaut la peine”, poursuit le scientifique.

Rédacteur en chef de "Geo Scientist", Ted Neil décrit la menace que représentent les cendres volcaniques comme "une des plus imprévisibles et potentiellement meurtrières" pour les avions en vol.

"Les cendres volcaniques ont tendance à s’installer dans l’atmosphère à une altitude de 11 000 mètres, soit l’altitude de croisière normal d’un avion. Si ces cendres sont si dangereuses, c’est à cause des poussières si fines, quasiment invisibles à l’œil nu. Seul un satellite en orbite pourrait être en mesure d’identifier clairement ces cendres”, explique le scientifique. C’est pourquoi, les pilotes traversent les nuages de cendres sans le savoir, entraînant ainsi l’aspiration des nanoparticules de poussière volcanique dans les réacteurs de l’avion. Celles-ci vont fondre, puis coaguler, pour finalement boucher les réacteurs.

"Une panne soudaine et inexplicable des quatre réacteurs"

C’est l’un des scénarios les plus déroutants et effrayants pour un pilote. "Tous ses réacteurs s’éteignent un par un sans raison claire. Les voyants sont encore allumés et tout le reste semble normal : les niveaux de carburant sont ‘ok’, car le carburant continue à alimenter les réacteurs, mais ces derniers ne répondent plus. Donc les quatre réacteurs vont de façon soudaine et inexplicable tomber en panne, et l’avion se transforme alors en planeur sans moteur."

Ce type d’évènement est très rare et était même inconnu avant 1982, lorsqu’un vol de British Airways en provenance de Kuala Lumpur (Malaisie) a évité de peu la catastrophe après avoir traversé un nuage de cendres au-dessus du Pacifique. L’incident a poussé l’industrie aéronautique à repenser sa manière d’appréhender les nuages de cendres. C’est grâce à cela que les plans de contingence internationale ont été activés, jeudi. Dès qu’un nuage de cendres est identifié par un satellite, l’espace aérien est fermé en mesure préventive.

Selon Neil, il est difficile de prévoir où et pour combien de temps l’espace aérien sera perturbé par le nuage de cendres. "Cela dépend du degré de violence de l’éruption volcanique, de la durée pendant laquelle le volcan crache des cendres dans l’air, et aussi de celle pendant laquelle le vent continue de souffler sur les nuages", conclut-il.

C’est ainsi que les milliers de passagers coincés dans les différents aéroports européens peuvent voir leurs projets de voyage repoussé à moins de 24 heures jusqu’à plusieurs semaines…