Pour la première fois de son histoire, la Cour de révision - seule habilitée à annuler des condamnations pénales - a prononcé le même jour la révision de deux procès dont les coupables désignés ont toujours clamé leur innocence.
AFP - Pour la première fois de son histoire, la Cour de révision a décidé mardi d'annuler deux condamnations et de faire rejuger par la cour d'assises de Paris deux hommes, Marc Machin et Loïc Sécher, qui clamaient leur innocence après avoir été condamnés, l'un pour meurtre, l'autre pour viol.
Mais des deux hommes, tous deux présents à l'audience, seul Loïc Sécher sera bientôt libre : il a bénéficié d'une suspension de peine, ce qui signifie qu'il pourra sortir de la prison de Nantes après avoir effectué les formalités.
Marc Machin, incarcéré à la prison de la Santé à Paris, restera en détention provisoire dans des dossiers d'agressions sexuelles pour lesquels il a été écroué en juin dernier.
Loïc Sécher sera rejugé par la cour d'assises de Paris après l'annulation de sa condamnation à 16 ans de réclusion criminelle pour le viol d'Emilie, une adolescente qui s'est rétractée depuis.
En 2003, l'ancien ouvrier agricole, avait été condamné par la cour d'assises de Loire-Atlantique pour avoir, trois ans plus tôt, violé à plusieurs reprises Emilie, 13 ans. Le verdict avait été confirmé en 2004 à Rennes, puis par la Cour de cassation.
Mais, coup de théâtre, le 7 avril 2008, Emilie avait envoyé une lettre affirmant que Loïc Sécher est "innocent et qu'elle ne supporte plus de le savoir en prison".
Sécher avait alors déposé une requête devant la commission de révision de condamnations pénales. Reconnaissant qu'Emilie était fragile psychologiquement et qu'elle était coutumière des "affabulations", la commission avait saisi la Cour de révision, seule habilitée à annuler une condamnation pénale.
A l'audience du 30 mars, l'avocat général, Gilles Lucazeau, avait apporté son soutien à Sécher et estimé "nécessaire d'aller à la révision".
Marc Machin sera également rejugé par la cour d'assises de Paris après l'annulation de sa condamnation à 18 ans de réclusion pour le meurtre d'une femme commis en 2001 au Pont de Neuilly (Hauts-de-Seine) revendiqué depuis par un autre homme.
A l'audience du 2 mars, le ministère public avait soutenu sa demande et recommandé à la Cour d'annuler sa condamnation, après sept années passées en prison. L'avocate générale, Hélène Magliano, avait estimé que les aveux d'un autre homme, David Sagno, justifiaient l'annulation de la décision la cour d'assises d'appel des Yvelines, qui avait condamné Marc Machin en 2005. Elle avait également jugé qu'un troisième procès serait nécessaire pour rediscuter "les zones d'ombres".
Interpellé en 2001, une dizaine de jours après le meurtre de Marie-Agnès Bedot au Pont de Neuilly, Marc Machin, 19 ans à l'époque, avait avoué les faits en garde à vue, parce que, expliquera-t-il plus tard, il en avait "marre des questions, des auditions et de la pression psychologique".
Mais en mars 2008, David Sagno s'était livré à la police en s'accusant du meurtre de Marie-Agnès Bedot, ainsi que de celui de Maria-Judith Araujo, également au Pont de Neuilly, le 22 mai 2002.
Depuis, des analyses ont permis de retrouver l'ADN de David Sagno sur les corps des deux victimes, entraînant sa mise en examen pour "assassinat, viol et vol".
Libéré en 2008, Marc Machin a été à nouveau écroué en 2009 pour des agressions secuelles présumées. Il a été également condamné en septembre dernier à cinq mois de prison dont trois avec sursis, après des "violences" sur un surveillant de prison.
Les révisions de condamnations pénales restent rares en France : depuis 1945, six accusés ont bénéficié d'une révision, décrochant finalement l'acquittement après un nouveau procès.