Un décret militaire israélien doit entrer en vigueur aujourd'hui. S'il était appliqué à la lettre, il permettrait d'expulser des milliers de Palestiniens de Cisjordanie. Mais Tsahal affirme qu'il n'y aura pas d'expulsions massives.
AFP - L'armée israélienne a démenti lundi avoir l'intention de procéder à des expulsions massives de Palestiniens séjournant en Cisjordanie après l'entrée en vigueur prévue mardi d'un ordre militaire, a indiqué un responsable militaire.
it"Ce texte va au contraire permettre de mieux défendre ceux qui seront visés par un ordre de rapatriement car il prévoit la création d'une commission judiciaire auprès de laquelle ces personnes pourront faire appel", a affirmé ce responsable, qui a requis l'anonymat.
Selon lui, l'ordre qui vise des personnes séjournant illégalement en Cisjordanie, "touchera très peu de gens".
Le quotidien Haaretz ainsi qu'une organisation opposée à l'occupation israélienne en Cisjordanie, Hamoked, avaient indiqué dimanche que le nouvel ordre de l'armée visant à empêcher les infiltrations pourrait permettre l'expulsion ou l'arrestation de dizaines de milliers de Palestiniens séjournant en Cisjordanie.
"Pratiquement aucune épouse étrangère de Palestiniens ne devrait être concernée", a déclaré le responsable. "De même, très peu de Palestiniens originaires de Gaza devraient être touchés, car la grande majorité d'entre eux figurent sur les registres de la population tenus par l'Autorité palestinienne et que cette mesure a été avalisée par les autorités israéliennes", a assuré ce responsable.
"Quant à ceux qui se trouvent illégalement en Cisjordanie, le fait d'avoir une famille en Cisjordanie constituera un élément très important d'appréciation de la commission. Ils pourront, en outre, faire appel à la Cour suprême si la commission confirme leur rapatriement", a poursuivi ce responsable.
Selon Haaretz, le nouvel ordre militaire, dont "la teneur est générale et ambiguë", vise notamment les Palestiniens détenteurs d'une carte d'identité avec une adresse dans la bande de Gaza, ou qui sont nés dans ce territoire, ainsi que leurs descendants.
La bande de Gaza est contrôlée par les islamistes du Hamas depuis 2007 alors que la Cisjordanie est restée sous la responsabilité de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas.
Israël impose un strict blocus de Gaza qui empêche les Palestiniens originaires de cette enclave de se rendre librement en Cisjordanie.
Haaretz avait également affirmé que le nouveau décret militaire concerne aussi les Palestiniens nés en Cisjordanie ayant pour diverses raisons perdu leur statut de résident à la suite par exemple d'un séjour à l'étranger, ainsi que les épouses étrangères de Palestiniens.
L'ordre prévoit des peines pouvant aller jusqu'à sept ans de prison, assorties d'une amende de 7.500 shekels (1.500 euros).
Hamoked avait pour sa part appelé l'armée à revenir sur son nouvel ordre, estimant que "la définition d'+infiltré+ pourrait en principe s'appliquer à des gens à qui les autorités militaires ne veulent pas du bien, dont des Israéliens et des ressortissants étrangers".
Le ministère français des Affaires étrangères s'est dit lundi "très préoccupé" par cet ordre.