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Russes et Polonais examinent les boîtes noires de l'avion du président Kaczynski

avec dépêches – Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine (photo), souhaite que toute la lumière soit faite sur les origines de la catastrophe aérienne qui a coûté la vie à 96 personnes, dont celle du président polonais Lech Kaczynski.

Au lendemain de la mort dans un accident d’avion du président polonais, Lech Kaczynski, et de plusieurs hautes personnalités politiques et militaires du pays, l’enquête se poursuit activement sur les lieux de la catastrophe.

Les autorités russes souhaitent rapidement obtenir des réponses et ont d'ores et déjà exclu tout problème technique de l'appareil.

Dès samedi, elles avaient dépêché près de l’aéroport de Smolensk, où le Tupolev-154 s’est écrasé, plus de 40 enquêteurs. Ce dimanche, des experts russes et polonais examinaient les boîtes noires.

"Elles ne sont pas encore complètement analysées mais les premiers enregistrements" donnent déjà des premiers éléments, explique Madeleine Leroyer, correspondante de FRANCE 24 à Moscou. Elles montrent bien que le pilote du Tupolev-154 est passé outre les nombreux avertissements des aiguilleurs du ciel."

"Le pilote n’a pas pu prendre cette décision sans pression"

Selon l’enregistrement, les aiguilleurs du ciel biélorusses auraient été les premiers à avertir l’équipage des conditions météorologiques défavorables. Samedi matin, la piste de l'aéroport militaire de Smolensk était en effet cachée par un épais brouillard. Malgré ce premier avertissement, l’avion aurait tout de même poursuivi sa route jusqu’à ce que les aiguilleurs du ciel de Smolensk lui demandent, à leur tour et à plusieurs reprises, d’aller se poser ailleurs.

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"L'enquête n'avance pas de défaillance technique"
Russes et Polonais examinent les boîtes noires de l'avion du président Kaczynski

"Ce conflit a duré jusqu’au bout, rapporte Madeleine Leroyer. Jusqu’à la quatrième et dernière tentative de descente, voyant que l’avion se présentait bien trop bas, ils ont demandé au pilote de se remettre à l’horizontal, en vain." L’appareil a accroché la cime d'arbres avant de s'écraser à quelques centaines de mètres de la piste.

Selon la journaliste de FRANCE 24, "en Russie, tous les pilotes et les experts sont formels : le commandement de bord n’a pas pu prendre une telle décision sans pression" et certains se demandent si le président Lech Kaczynski "n’a pas lui même insisté".

Un avis partagé par Gerard Feldzer, directeur du Musée de l'air et de l'espace du Bourget, qui, interrogé par FRANCE 24, rappelle que les pilotes subissent "une pression exceptionnelle". Selon lui, "il n'est pas certain que, dans l'avion, le vrai chef n'ait pas été le chef d'état major" plutôt que le commandant de bord.

"On attend maintenant que les enregistreurs de vol fassent définitivement toute la lumière sur cette décision contestée", rapporte Madeleine Leroyer.

Selon le laboratoire du comité intergouvernemental d'aviation (MAK) à Moscou, la bande de l'enregistreur de données était déplacée à l'intérieur de la boîte noire, "vraisemblablement en raison du choc".

La qualité de la flotte polonaise en question

Quelques heures seulement après le drame, les autorités russes avançaient déjà l’hypothèse d’une erreur du pilote. Le parquet russe, chargé du dossier, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur de "possibles violations des règles de sécurité aériennes ayant entraîné la mort" de nombreuses personnes.

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Opinion du directeur de musée de l'air et de l'espace du Bourget
Russes et Polonais examinent les boîtes noires de l'avion du président Kaczynski

La Pologne, qui a annoncé samedi qu'elle enquêterait aussi sur les causes de l'accident, n'a encore fait aucun commentaire officiel à ce sujet. A Varsovie, certains dénoncent la mauvaise qualité de la flotte polonaise, qui date de l'époque soviétique. L'avion présidentiel, vieux de 20 ans, aurait déjà connude nombreux problèmes techniques dans le passé.

Samedi, Gulliver Cragg, correspondant de FRANCE 24 à Budapest, rapportait qu’avant le départ, le pilote aurait averti que l’avion, s’il était trop chargé, risquait de rencontrer des "difficultés à remonter en cas de problème au moment de l’atterrissage". L’appareil a pourtant décollé au maximum de sa capacité.