C'est à la Cité universitaire de Paris que l'artiste franco-marocaine a présenté, samedi, ses voiles islamiques lors d'un défilé-performance. Une manière pour la plasticienne de s'interroger sur la place de la burqa dans l'imaginaire.
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© {{ scope.credits }}Plus proche de la performance que du défilé de mode classique, l'artiste Majida Khattari présente ses habits-sculptures qui ont pour but d'apporter leur part de réponse au débat sur le port du voile intégral en France. La plasticienne d'origine marocaine a fait de ses burqas, niqabs, hijabs et safsaris, l'étendard de son art.
Le premier passage dévoile une burqa en laine épaisse et couleurs foncées. Une autre, tout aussi chargée, est construite comme un patchwork de vêtements. Un peu plus loin, un voile noir léger laisse deviner la silhouette de la femme cachée en dessous. La dernière pièce est une burqa arborant, comme un paradoxe criant, le portrait imprimé de celle qui la porte. Loin des pas rapides et cadencés de la Fashion Week, les "burqas de l’effort", portées comme des sculptures de tissus mouvants, s'attaquent aux clichés avec provocation.
it''A chaque fois qu’il y a une crise, c’est le corps de la femme qui prend''
Majida Khattari - Bio express
Née en 1966 à Erfoud, au Maroc, Majida Khattari fait ses études aux Beaux-Arts de Casablanca, avant de rejoindre l'école des Beaux-Arts de Parisn où elle vit aujourd'hui.
Depuis 1996, Majida Khattari monte des défilés-performances inspirés de la situation des femmes dans l'Islam d'aujourd'hui. Ses vêtements-sculptures traitent du statut de la femme mais se réfèrent également à l'actualité politique, aux questions de laïcité et de religion.
En parallèle, l'artiste réalise des photographies, installations vidéo et des films exposés au Musée national des Beaux-Arts du Québec, à l'Essor Gallery de Londres, au musée Delacroix à Paris ou encore au Guggenheim de New York.
Depuis 1996, Majida Khattari organise ses propres défilés-performances de mode burqa. L’idée est née lors d'un débat sur le port du voile à l’école. L’artiste, qui n'a pas tranché la question, cherche avant tout à susciter un dialogue.
"Je constate qu’à chaque fois qu’il y a une crise, c’est le corps de la femme qui prend et je ne peux pas m’empêcher de m’interroger sur ce phénomène, explique-t-elle. Mais la réalité de l’enfermement du corps des femmes n’est pas seulement liée au voile. Dans la mode par exemple, les mannequins ont le même corps et la même esthétique. C’est, à mes yeux, le même type d’enfermement que la burqa. Cela m’a intéressé de confronter deux types semblables d’enfermement, dont l’un est décrié et l’autre accepté comme une évidence naturelle." Voilà pourquoi l’artiste a choisi de faire défiler un mannequin quasi nu aux côtés d’autres arborant des burqas sculpturales.