Pour la première fois depuis 2003, aucun club anglais ne sera présent en demi-finales de la Ligue des champions. Une statistique inquiétante pour certains clubs, comme Manchester United, actuellement en proie à une grave crise sportive et économique.
Mais où sont donc passés les clubs anglais ? A l’issue des quarts de finale de la Ligue des champions, aucune équipe de la Premier League ne s'est qualifiée en demi-finales. Une première depuis la saison 2002-2003 et l’élimination de Manchester United par le Real Madrid de Zinedine Zidane. Avec une dette cumulée de 4 milliards d’euros en 2009 et des clubs en faillite financière (Portsmouth) ou sportive (Manchester United, Chelsea, Arsenal, Liverpool), le championnat le plus prisé d’Europe serait-il en crise ?
"Le mot crise est un peu fort," tempère Matt Gatward, journaliste sportif à l'"Independent". "Cette campagne européenne n’est pas à proprement dit un désastre pour les clubs anglais. Certes, il y a une déception. Mais du point de vue des fans, les performances de Manchester United et de Chelsea ont été honorables." Evoquant le but extra-terrestre d’Arjen Robben, la méforme de Wayne Rooney et le carton rouge dont a écopé Rafael lors du match Bayern-United Manchester mercredi, Gatward défend "l’imprévisibilité du sport" comme explication aux déconvenues anglaises. "Les deux clubs se battent aujourd’hui pour le titre de champion d’Angleterre, ce qui est tout aussi important pour les supporters," relativise-t-on à Londres.
Un Manchester United en fin de cycle
De cette déroute anglaise, Jean-François Peres, rédacteur en chef de RMC Sport, fait une distinction entre Arsenal, Chelsea et Manchester United. "Arsenal était à son niveau lors de son quart de finale et Chelsea est tombé sur une équipe exceptionnellement bien préparée par José Mourinho. En revanche, pour Manchester United, c’est une crise beaucoup plus profonde que traverse le club."
Après 23 ans de règne de Sir Alex Ferguson, sur le plan tactique, Manchester s’essouffle. Jean-François Peres y voit là la fin d’une série. "Son choix de titulariser de très jeunes joueurs au lieu des grognards Gary Neville, Paul Scholes et Ryan Giggs est le symbole d’un changement de génération qui ne prend pas ; la dépendance de son équipe à Wayne Rooney est encore plus forte qu’à l’époque de Cristiano Ronaldo et la suffisance extraordinaire des joueurs lors de ces deux matchs face au Bayern sont là des signes flagrant d’une fin de cycle."
Hors des pelouses, le bilan mancunien n’est guère plus reluisant. Certes, sur le plan sportif les Reds Devils sont encore en lice pour le titre de champion d’Angleterre, mais le club a enregistré une dette colossale de 826 millions d’euros en 2009 et la colère des supporters gronde à chaque match à Old Trafford contre la gestion des Glazer, la famille américaine propriétaire du club. "C’est tout l’organigramme, le staff, les cadres qui doivent être changés. Il faudra attendre deux ou trois saisons pour qu’ils soient à nouveau compétitifs," convient le patron de RMC Sport.
Le fleuron de la Premier League n’est pas encore sorti d’affaire et sans Ligue des champions à se mettre sous la dent, c’est tout un championnat qui se retrouve sur le banc de touche. Shocking.