Le scrutin qui se déroule du 11 au 13 avril au Soudan est la première échéance d’un double rendez-vous électoral prévu par l’accord de paix signé en 2005 entre le Nord et le Sud pour mettre fin à 21 ans de guerre. Une paix très précaire...
Présentées comme les premières élections démocratiques organisées au Soudan depuis 24 ans, les présidentielle, législatives et régionales qui se déroulent dans le pays les 11, 12 et 13 avril constituent aussi le premier des deux rendez-vous électoraux censés graver dans le marbre l’Accord de paix global signé le 9 janvier 2005 entre Khartoum et l’ex-rébellion sud-soudanaise de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA).
Paraphé à Nairobi sous l’égide du Kenya, le texte a mis fin à 21 ans d’une guerre civile fratricide entre le Nord - musulman - et le Sud - à dominante chrétienne et animiste -, qui a fait 2 millions de morts et plus de 4,6 millions de déplacés. Il a également débouché sur la mise en place d’un gouvernement d’union qui devait promouvoir le développement des différentes régions du pays par un partage équitable du pouvoir et des ressources.
Frictions
Ces cinq dernières années toutefois, la cohabitation entre Hassan Omar el-Béchir, le président soudanais, issu du Nord, et son vice-président Salva Kiir Mayardit, le chef de file du mouvement créé sur les cendres du SPLA, n’a jamais été simple. Les relations entre les deux dirigeants ont toujours été teintées de soupçons. Au cœur des frictions : la répartition des revenus du pétrole - dont le Soudan est devenu l’un des principaux producteurs africains - et des gisements situés à la frontière entre le Nord et le Sud du pays – celui d’Abyei notamment. De passage à Paris en novembre dernier, Salva Kiir Mayardit avait ainsi affirmé que son ancien adversaire ne respectait pas les termes de l’accord de paix parce qu’il ne reversait pas au Sud-Soudan la totalité des royalties issus de l’or noir prévues par le texte...
Reste que l’engagement pris en 2005 par les belligérants d’organiser un référendum d’autodétermination du Sud-Soudan en janvier 2011 n’arrange rien non plus. Aujourd’hui, en effet, tout indique que la région fera sécession. Une hypothèse qui inquiète le Nord au plus haut point. Vue de Khartoum, qui doit également composer avec des revendications identitaires au Darfour, l’accession du Sud-Soudan à l’indépendance serait en effet considérée comme le prélude à l’éclatement du pays.
En outre, alors que les hydrocarbures représentent désormais, selon le Fonds monétaire international, 95 % des revenus d’exportations du Soudan et 60 % des recettes du gouvernement central, la plupart des réserves pétrolières soudanaises - estimées à six milliards de barils - se trouvent dans le Sud... Une manne que les autorités de Khartoum ne voudraient pas non plus regarder leur filer entre les doigts.