logo

La France, futur royaume des bookmakers ?

La loi sur les paris en ligne votée en France va révolutionner le monde des paris sportifs, aujourd'hui dominés par la Française des Jeux et le PMU. Faut-il s’attendre à un changement similaire à celui qu'a connu le Royaume-Uni dans les années 2000 ?

La nouvelle loi autorisant les paris en ligne va-t-elle transformer la France - comme c'est le cas au Royaume-Uni - en zone de paris à tout prix ? Outre-Manche, où les sites pullulent, les jeux de hasard et les paris sont une institution. La première loi les réglementant remonte aux années 1380. À l’époque, Richard III avait interdit à ses armées de jouer aux dés, craignant qu'une telle distraction ne détourne ses archers de leur mission : la sécurité de la nation. Plus récemment, en 2001, sous l'ère Tony Blair, le pays de sa Gracieuse Majesté a été l'un des premiers de l’OCDE à autoriser tous types de paris en ligne. Le secteur s’est ensuite doté d’une législation en 2005, avec le Gambling Act.

Trois ans de prison et 45 000 euros d'amende

Créé pour encadrer le nombre galopant de sociétés de paris sur Internet ouvrant leurs portes, cette loi n’a pas pu empêcher un développement sauvage du secteur dans d’autres pays fiscalement plus avantageux. "Les choses sont allées trop loin, reconnaît Scott Ferguson, ancien parieur professionnel et a été consultant à Londres pour la société de paris britannique Betfair. Non dans l’ouverture de différentes sortes de paris, mais dans l’intention de faire coexister le 'Tote' [équivalent du PMU, NDLR] avec les sociétés de paris s'installant à Gibraltar et dans d’autres paradis fiscaux."

Un scénario que veut à tout prix éviter l’European Sports Security Association (Essa), une organisation à but non-lucratif financée par les grands groupes de paris privés. Cette dernière défend les paris encadrés et fiables afin d’attirer vers les sociétés légales les joueurs néophytes qui découvrent, comme aujourd’hui les Français, les jeux en ligne légaux. "Rien n'empêche les parieurs d’aller chez des sociétés off-shore, mais ce sera à leur propre risque", prévient Aymeric Leruste, chargé de la communication de l’Essa.

En France, contrairement au Royaume-Uni, parier sur un site off-shore sera illégal à partir de l'entrée en vigueur de la loi. Les sites jugés illégaux par l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) seront passibles de trois ans de prison et de 45 000 euros d'amende.

"Les Britanniques veulent et peuvent parier sur tout"

L’autre grande différence entre les deux pays sera le choix limité des paris. "Les Australiens et les Britanniques veulent et peuvent parier sur tout, explique Scott Ferguson. Personnellement, mes sports préférés pour parier sont le tennis, l’athlétisme et la natation, qui ont tous été créés bien avant que les paris s’en mêlent." Mais outre-Manche, on peut parier également sur les élections, les émissions de télé-réalité ou sur la date de la mort des personnes célèbres ("deadpool")...

En France le choix est encore très restreint : les paris concernent uniquement les résultats des courses hippiques (comme le PMU) et des compétitions sportives comme le football. Reste à savoir si les fédérations pourront en retour bénéficier des millions d'euros qui sera fait sur le dos du sport.