À l'appel de deux syndicats, les cheminots de la SNCF ont cessé le travail ce mardi soir pour une durée de 24 heures reconductible. En moyenne, 70 % des TGV et 60 % des TER et Transiliens devraient circuler pendant les heures de pointe.
AFP - Les cheminots ont entamé mardi soir leur troisième grève de l'année, un mouvement cette fois reconductible, à l'appel de la CGT et Sud-Rail pour la défense de l'emploi, des conditions de travail et du fret, dont l'issue est incertaine, sur fond de divisions syndicales.
Aucun des 12 trains de nuit sur le réseau national ne circule mais le service est normal pour les trains internationaux de nuit.
Mercredi, en moyenne 70% des TGV rouleront, 60% des TER, 50% des Téoz et Intercités et en heures de pointe 60% des Transiliens en Ile-de-France.
En revanche le trafic des Eurostar, des Thalys et des TGV vers l'Allemagne sera normal.
La CGT, premier syndicat (39% des voix), mobilise à partir de mardi soir les conducteurs, contrôleurs et agents du fret, Sud-Rail (3e syndicat avec 18%) l'ensemble des cheminots.
Les grévistes décideront mercredi en assemblées générales de la poursuite du mouvement. La CGT ayant aussi appelé à la grève l'ensemble des personnels jeudi, le mouvement devrait ce jour-là connaître un nouveau temps fort.
"Il y a convergence d'intérêts entre cheminots et usagers de la SNCF" et "on ne peut plus ignorer la question des trains supprimés faute de conducteurs, des rames en retard faute de techniciens disponibles", a fait valoir dans la presse le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste.
La SNCF table sur deux jours de perturbations mais elles pourraient se poursuivre localement au-delà.
Le directeur des ressources humaines de l'entreprise publique, François Nogué, a durci le ton de façon inhabituelle: une troisième grève en près de trois mois est "assez insupportable pour nos clients et c'est une forme de désinvolture vis-à-vis du service public", a-t-il estimé.
Mardi matin, le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a jugé la grève "incompréhensible et affligeante".
Signe de la tension régnant entre la CGT et la direction, le comptage des grévistes se fera mercredi sous contrôle d'une cinquantaine d'huissiers, "dans un souci de transparence", précise la SNCF.
Son PDG, Guillaume Pepy, n'a pas laissé entrevoir de porte de sortie: "la négo c'est avant la grève, sinon on ne parviendra jamais à réduire le nombre de grèves à la SNCF". Un jour de grève lui coûte 20 millions d'euros.
"Les négociations ont eu lieu pendant 18 heures en fin de semaine dernière, dans sept métiers, et des résultats tout à fait tangibles ont été obtenus", selon le PDG. Notamment 460 embauches supplémentaires ont été débloquées, mais la SNCF ne fait pas de nouvelle prévision globale pour l'emploi en 2010 alors que son budget pour l'année comprend 1.404 suppressions de postes.
Pour les contrôleurs et les conducteurs, des garanties sur les parcours professionnels ont été négociées, ce qui a permis à la CFDT/Fgaac, quatrième force syndicale, de lever ses préavis.
L'Unsa-cheminots, le 2e syndicat, ne s'est pas associé au mouvement dès le début, souhaitant réserver ses forces pour la réforme des retraites.
Quant à la CGT et Sud-Rail, elles sont d'accord sur le diagnostic et la nécessité de peser par une grève de plus de 24 heures mais partent désunies.
La CGT a lancé le mouvement sans se concerter avec Sud, syndicat contestataire favorable aux grèves reconductibles, alors que cette forme est utilisée avec prudence par la CGT. Mais la pression de Sud, qui lui ravie des sympathisants, la contraint à se radicaliser.
Le secrétaire général de la CGT-cheminots a aussi vu en ce début avril une fenêtre de tir, alors qu'il prendra sa retraite en fin d'année, à 55 ans.