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Inculpation des deux meurtriers présumés de Terre'Blanche

Deux employés d'Eugène Terre'Blanche, le leader d'extrême droite qui a été assassiné samedi, ont été inculpés de meurtre. Ils ont quitté le palais de justice sous les vivats de dizaines de Noirs et sont en détention jusqu'à la prochaine audience.

Les deux ouvriers agricoles, âgés de 15 et 28 ans, arrêtés samedi après la découverte du corps sans vie du chef du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), Eugène Terre'Blanche, ont été inculpés, ce mardi, d’effraction, de meurtre, de tentative de vol et d’atteinte à la dignité de la victime.
Les deux hommes, qui s'étaient immédiatement livrés à la police samedi, ont expliqué avoir battu Eugène Terre’Blanche, leur employeur, car il avait refusé de leur verser leur salaire mensuel de 300 rands (30 euros). "Après avoir agressé le défunt, ils ont baissé son pantalon jusqu'à ses genoux et révélé ses parties intimes", a indiqué le procureur George Baloi pour expliquer le dernier chef d'accusation.
Durant toute la durée de la comparution, des centaines de Sud-Africains, Blancs d'extrême droite d'un côté et Noirs de l'autre, se sont massés devant le tribunal de Ventersdorp, ville de la province du Nord-Ouest où le leader extrémiste a été retrouvé mort. Pour prévenir tout débordement, un important dispositif policier a été déployé autour du palais de justice.
Les autorités sur le qui-vive
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L'éternel regain de violence
Inculpation des deux meurtriers présumés de Terre'Blanche

Les deux suspects ont quitté le tribunal à bord d'un véhicule des forces de l'ordre sous les vivats de dizaines de Noirs. Les militants de l'extrême droite blanche ont en revanche quitté les lieux avant le départ des deux hommes, sans provoquer d’incidents majeurs.

Depuis l’annonce du meurtre d’Eugène Terre'Blanche, les autorités sud-africaines restent toutefois sur le qui-vive, craignant une flambée de violence. Peu après l’assassinat, le porte-parole de l’AWB, André Visagie, avait appelé à venger la mort de leur défunt leader, avant de se rétracter.
Reste que, pour la presse sud-africaine, ce meurtre constitue un défi de taille pour le président Jacob Zuma. Dans le quotidien "The Times" daté du mardi 6 avril, l’éditorialiste Raenette Taljaard estime que le meurtre d’Eugène Terre'Blanche "réclame une réponse au plus haut niveau, nuancée mais ferme, qui s'engage bien au-delà des simples appels au calme et à la tolérance".
Quelques heures seulement après la découverte du cadavre du leader d’extrême droite, le chef de l’Etat est intervenu à la télévision afin d’inviter ses concitoyens à empêcher "les agents provocateurs de profiter de la situation en alimentant la haine raciale".
Un défi pour Zuma
Une attaque à peine voilée en direction de certains responsables politiques de son propre parti, le Congrès national africain (ANC), régulièrement accusés d’incitation à la haine raciale. Le 9 mars, le président des jeunes de l’ANC, Julius Malema, a entonné devant des étudiants de Johannesburg un chant de la lutte anti-apartheid dont le refrain, pour le moins explicite, est "Kill the Boer" ("Tuons le fermier blanc"). Une initiative que les organisations de défense des minorités blanches ont ressentie à l’époque comme un appel à la violence. Et que les partisans de l’AWB reprochent aujourd’hui d’être à l’origine de l’assassinat d’Eugène Terre’Blanche.
"En dix ans, quelque 1 250 fermiers blancs d’Afrique du Sud ont été tués", explique Caroline Dumay, la correspondante de FRANCE 24 au Cap. Avec ce meurtre ressurgissent les vieilles angoisses d’une poignée d’Afrikaners encore convaincus que la majorité noire va tuer la minorité blanche."
En clair, Zuma doit à la fois répondre aux peurs des fermiers blancs tout en demeurant le champion de la cause des plus pauvres, la majorité noire qui l'a porté au pouvoir en mai 2009.