Selon la presse, plus de 70 militaires, soupçonnés d'avoir fomenté un complot visant à faire chuter le gouvernement turc en 2003, ont été interpellés lundi. Vingt personnes ont déjà été placées en détention provisoire dans le cadre de cette affaire.
AFP - Plus de 80 personnes, en majorité des militaires en activité, ont été arrêtées lundi par la police dans le cadre de l'enquête sur un complot présumé datant de 2003 et visant à faire chuter le gouvernement islamo-conservateur turc, rapportent les médias.
Selon la chaîne de télévision d'information NTV, 86 suspects ont été interpellés dans quatorze provinces du pays, dont Ankara et Istanbul. Soixante-dix d'entre eux servent actuellement dans les rangs de l'armée, souligne la chaîne qui ne fournit pas d'autres précisions sur les interpellations.
Elle s'inscrivent dans le cadre de l'enquête sur un projet baptisé "masse de forgeron" qui n'a jamais été mis en oeuvre. Il avait pour objectif de provoquer un putsch pour chasser du pouvoir le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) de l'actuel Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.
Parmi les suspects figurent plusieurs généraux, précise l'agence de presse Anatolie.
Un tribunal d'Istanbul a décidé dimanche de replacer en détention provisoire le chef présumé de ce plan, l'ancien général Cetin Dogan, ainsi que 19 coaccusés, qui avaient été libérés la semaine dernière.
Les suspects font partie des quelque 70 militaires en activité ou à la retraite arrêtés en février à la suite d'informations de presse dévoilant les détails de cette conspiration présumée.
Les militaires mis en cause auraient envisagé des attentats spectaculaires à travers le pays pour déstabiliser le pouvoir et ouvrir la voie à un coup d‘Etat militaire. Le général Dogan a toujours rejeté ces accusations affirmant qu'il s'agissait d'un scénario fictif conçu comme un jeu de guerre, comme il en existe dans toutes les armées du monde.
Cette vague d'arrestations avait bouleversé la Turquie, pays où l'armée jouit d'un grand prestige.
Jeudi dernier, 19 suspects avaient été libérés dans l'attente d'un éventuel procès, le juge ayant invoqué l'absence d'éléments de preuve solides.
Après que des procureurs eurent fait appel de cette décision, un tribunal a décidé dimanche que les 20 suspects devaient retourner en prison. Plusieurs d'entre eux se sont rendus lundi aux autorités, d'autres, dont le général Dogan, ont été hospitalisés pour des soins.
La population turque est divisée entre ceux qui soutiennent le gouvernement en place et ceux qui s’y opposent, estimant que la laïcité est menacée.