
Satisfaits d'avoir obtenu des garanties pour des négociations sur leurs indemnités de départ, les salariés de l'usine Sodimatex ont accepté une trêve. Les pourparlers doivent débuter mercredi.
AFP - Les salariés de l'usine Sodimatex de Crépy-en-Valois, qui menacent de faire exploser une citerne de gaz pour réclamer de meilleures indemnités de licenciement, poursuivaient des négociations sous haute tension avec leur direction vendredi soir.
Après avoir quitté très en colère la table des négociations peu avant 20H00, les salariés ont décidé de reprendre les discussions vers 22H00 pour tenter de trouver un accord améliorant les conditions de départ des 92 salariés du site, dont la fermeture est programmée depuis un an.
Les salariés réclament notamment une prime extra-légale de licenciement de 21.000 euros, semblable à ce qu'avaient touché leurs collègues d'une autre usine Sodimatex fermée en 2006.
"Il y a un semblant d'accord sur les indemnités", a indiqué le premier adjoint au maire de Crépy-en-Valois, Bruno Fortier. Selon lui, les négociations achoppent sur l'identité de la personne chargée de contrôler les comptes de l'entreprise.
Les salariés exigent la nomination d'un expert indépendant pour vérifier la solvabilité de la société et sa capacité à verser les indemnités réclamées. La direction de Sodimatex veut imposer son propre commissaire aux comptes, a-t-il expliqué.
La table ronde à la mairie de la ville, sous l'égide du préfet de l'Oise, réunissait les représentants des salariés et la direction du groupe Trèves, propriétaire de Sodimatex.
Les salariés menacent depuis jeudi de mettre le feu à une citerne de gaz qui pourrait faire exploser l'usine. Vendredi matin, ils ont disposé des cocktails molotov autour de cette citerne de près de cinq mètres de long, dont le gaz sert à approvisionner les chariots élévateurs.
"On attend de vraies mesures, on veut pouvoir changer de métier et se reconvertir. Si on revient sans, c'est la catastrophe", avait déclaré avant la réunion Eric Lemoine, de la CFDT. "On va faire évacuer et faire péter la baraque, les gens sont déterminés", a-t-il averti.
"J'ai peur pour eux, j'ai peur aussi pour notre ville", a déclaré le maire UMP de la ville, Arnaud Foubert, espérant "qu'il n'y ait pas d'acte désespéré qui soit engagé".
Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a condamné "l'attitude inacceptable d'une minorité", appelant l'ensemble des parties à une réunion de conciliation mardi prochain.
A plusieurs reprises depuis jeudi, les salariés ont fait brûler des balles de fibres de plastique et des rouleaux de moquette qui dégageaient d'impressionnants panaches de fumée noire à l'extérieur de l'usine. Plusieurs dizaines de CRS étaient postés devant l'usine vendredi soir.
Les salariés s'étaient retranchés dans l'usine jeudi, après une intervention des forces de l'ordre qui avaient dispersé une manifestation aux abords du site. L'utilisation de gaz lacrymogènes par les gendarmes avait été perçue comme une "véritable agression", selon la CGT.
Une quarantaine d'ouvriers s'apprêtaient vendredi soir à passer une deuxième nuit dans l'usine, où ils ont déroulé des ballots de moquette en guise de matelas.
La fermeture du site de Crépy-en-Valois a été annoncée le 10 avril 2009, dans un bassin d'emploi particulièrement touché par la crise. Depuis, toutes les négociations sur le plan social ont échoué.