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Candidat de l'ex-rébellion sud-soudanaise et principal adversaire du président sortant Omar el-Béchir à la présidentielle du 11 avril, Yasser Arman (photo) ne participera finalement pas au scrutin. Il dénonce un processus électoral truqué.

AFP - Le principal opposant au président soudanais Omar el-Béchir, Yasser Arman, candidat des ex-rebelles sudistes, s'est retiré de la course à la présidentielle du 11 avril, dont l'issue est désormais sans surprise.

"J'ai pris la décision de me retirer pour deux raisons. Premièrement, après avoir fait campagne au Darfour, je me suis rendu compte qu'il était impossible d'y tenir des élections en raison de l'état d'urgence en vigueur. Deuxièmement, il y a des irrégularités dans le processus électoral qui est truqué", a déclaré à l'AFP M. Arman, dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Le président Béchir est un fardeau pour le Soudan et pour son propre parti. Il dirige le Soudan depuis plus de 20 ans, c'est assez!", a souligné M. Arman, précisant que son combat "allait continuer" malgré ce retrait.

Plus grand pays d'Afrique, divisé entre le Nord musulman et le Sud en grande partie chrétien, le Soudan doit tenir du 11 au 13 avril ses premières élections - législatives, régionales, présidentielle - multipartites depuis 1986, mais l'opposition menace de boycotter en bloc le scrutin.

Les ex-rebelles sudistes s'étaient engagés à soutenir l'opposition si elle boycottait le scrutin, sans toutefois compromettre le référendum d'indépendance du Sud-Soudan prévu en janvier 2011. La participation du SPLM aux élections est considérée par le président el-Béchir comme une condition essentielle à la tenue du référendum et à sa reconnaissance.

Le retrait de la candidature de Yasser Arman, "est une façon pour le SPLM d'être à la fois avec l'opposition qui veut un boycottage, tout en gardant le contrôle du Sud-Soudan", a expliqué à l'AFP Roland Marchal, spécialiste du Soudan à Sciences-Po Paris.

Yasser Arman, 49 ans, un musulman laïque originaire du Nord-Soudan, était considéré comme l'un des principaux adversaires de M. Béchir avec Sadek al-Mahdi, ancien Premier ministre et chef du parti Umma (nationaliste).

Son retrait assure la réélection au premier tour du président Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), à moins que les partis d'opposition présentent un candidat unique contre le raïs soudanais.

"La grande faiblesse de l'opposition tient à ce qu'elle n'est pas capable de se mettre d'accord sur le nom de celui qu'elle soutiendrait contre Béchir", a ajouté M. Marchal.

Les partis d'opposition doivent se rencontrer jeudi à Omdurman, ville jumelle de Khartoum, a indiqué à l'AFP un responsable du parti Umma. Une série de discussions semblait déjà avoir commencé mercredi soir sur la suite à donner au retrait de la candidature de M. Arman.

"Les poids lourds de l'opposition boycotteront la présidentielle", a déclaré à l'AFP Mubarak al-Fadil, un des ténors de l'opposition et membre du parti Umma, précisant qu'une décision finale devrait être annoncée jeudi.

Le retrait de Yasser Arman porte à dix le nombre de candidats à la présidentielle, mais seulement une poignée d'entre eux ont une aura à l'échelle du pays.

Le SPLM a néanmoins précisé qu'il présenterait des candidats aux régionales et aux législatives, excepté au Darfour. Cette annonce du SPLM signifie que les ex-rebelles sudistes "vont participer aux élections", s'est félicité Ibrahim Gandour, haut responsable du parti d'Omar el-Béchir.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont par ailleurs exprimé mercredi leur inquiétude "concernant des informations faisant état de difficultés administratives et logistiques, mais aussi d'atteintes aux libertés politiques" au Soudan.

La Fondation Carter, organisme américain surveillant le processus électoral, a fait part récemment de problèmes logistiques qui pourraient entraîner un léger report du scrutin prévu dans dix jours.