En visite aux États-Unis, le président français a appelé son homologue américain à travailler de concert avec les Européens pour sortir de la crise. Les deux hommes doivent s'entretenir lors d'un dîner organisé ce mardi à la Maison Blanche.
AFP - Le président français Nicolas Sarkozy a entamé lundi une visite de deux jours aux Etats-Unis en exhortant son homologue américain Barack Obama à travailler main dans la main avec l'Europe pour réguler l'économie et réformer la gouvernance mondiales.
itLors d'un discours totalement improvisé suivi d'un bref échange avec des étudiants de l'université Columbia de New York, M. Sarkozy s'est livré à une petite "leçon de choses" à l'endroit de M. Obama, estimant qu'il n'y avait "pas un pays au monde au XXIe siècle qui peut diriger tout seul le monde".
"Europe et Etats-Unis, nous pouvons inventer les règles de l'économie de demain", a-t-il d'abord insisté. "Nous avons besoin que le grand peuple américain comprenne que l'absence de règles tue la liberté".
"La régulation économique mondiale ne peut plus demeurer ce qu'elle est. Nous ne pouvons plus accepter un système capitaliste où il n'y a pas de règles, il n'y a pas de régulation (...) L'économie de marché et le marché sans règles, ce sera la mort du capitalisme", a plaidé Nicolas Sarkozy.
Parmi les chantiers qu'il souhaite ouvrir pendant la présidence française du G20 en 2010 et dont il parlera mardi avec M. Obama à la Maison Blanche, il a cité la "stabilité des prix des matières premières" et "la définition d'un nouvel ordre monétaire international".
"Le dollar n'est plus la seule monnaie du monde", a-t-il tranché sous la coupole de l'ancienne bibliothèque de l'université Columbia, qui a accueilli de nombreux prix Nobel d'économie américains.
Nicolas Sarkozy a également demandé l'assistance des Etats-Unis pour mettre en place une "nouvelle gouvernance" du monde et y "faire place aux continents de demain", après l'échec du sommet de Copenhague sur le climat en décembre.
Quelques heures après le double attentat du métro de Moscou qui a fait au moins 38 morts, il a étendu le champ de la nécessaire coopération transatlantique à la lutte contre le terrorisme.
"Quand New York a été attaqué, ce sont toutes les démocraties du monde qui ont été attaquées. Et quand Moscou est attaqué, c'est nous tous qui sommes attaqués. Face au terrorisme nous ne pouvons pas nous diviser", a-t-il insisté. Les soldats français resteront "à vos côtés en Afghanistan", a-t-il promis une nouvelle fois.
Tout au long de son propos, Nicolas Sarkozy a pris soin de souligner sa complicité avec le président américain, avec l'intention de tordre le cou aux commentaires sur les petites tensions qui ont accompagné les premiers mois de ses liens avec Barack Obama.
Il a salué un chef d'Etat "en avance" sur son pays. "Ne soyez pas en retard par rapport à votre président sur la régulation économique, sur la défense de l'environnement", a-t-il demandé à son auditoire.
Surtout, le président français a rendu un hommage appuyé à Barack Obama pour avoir réussi à imposer au Congrès sa réforme historique de l'assurance santé, dont il s'était plu naguère à souligner les difficultés.
"Il voulait la réforme, il l'a menée, qu'il en soit félicité", a-t-il déclaré, sous les applaudissements polis des quelque 300 étudiants venus l'écouter. Des félicitations au goût acide toutefois, puisqu'il n'a pu s'empêcher de relever l'avance de la France en la matière. "Bienvenue dans le club des Etats qui ne laissent pas tomber les gens malades", a-t-il lancé, un brin condescendant.
Après New York, Nicolas Sarkozy aura l'occasion de répéter directement son propos à Barack Obama, pour une première rencontre très attendue à la Maison Blanche conçue pour célébrer la bonne entente entre les deux pays. Signe supplémentaire de cette amitié, les deux présidents dîneront ensemble, avec leurs seules épouses Michelle et Carla, mardi soir dans les appartements privés de la Maison blanche. Une première.