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L'euro souffle après l'accord sur le plan d'aide à la Grèce

Les marchés accueillent favorablement l'adoption du plan européen d'aide à la Grèce et l'euro enregistre un timide rebond. Mais la plupart des analystes estiment que l'embellie devrait être de courte durée.

AFP - Les Etats de la zone euro espèrent avoir réglé le problème budgétaire grec en créant un mécanisme inédit d'aide financière pour les situations de crise, mais des inquiétudes demeurent tant pour ce pays, que pour le Portugal, voire l'Espagne.

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"La Grèce se dit satisfaite de ce plan"
L'euro souffle après l'accord sur le plan d'aide à la Grèce

"Je crois que l'Europe a prouvé sa capacité d'action sur une question importante (...) Elle a oeuvré en faveur de la stabilité de l'euro et fait preuve de solidarité envers un pays qui se trouve en difficulté", s'est félicitée vendredi la chancelière allemande Angela Merkel, au deuxième et dernier jour d'un sommet des dirigeants européens à Bruxelles.

"Pour nous tous, il est important que notre monnaie commune (...) reste stable", a-t-elle ajouté.

Les dirigeants de l'UE sont parvenus jeudi soir après d'âpres tractations à un accord sur un plan d'aide à la Grèce financé par la zone euro et le FMI, un mécanisme inédit depuis le lancement de la monnaie commune il y a onze ans.

Après cet accord, couplé à un engagement à renforcer la discipline budgétaire dans l'UE, l'euro se reprenait prudemment face au billet vert vendredi, au dessus de 1,33 dollar.

"J'aurais été surpris si le cours de l'euro n'avait pas pris cette direction là", a jugé de son côté le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Mais "il faudra voir au cours des jours à venir quelle sera la réaction d'ensemble", a-t-il ajouté.

Signe positif pour Athènes: l'accord entraînait aussi vendredi matin une baisse des taux d'intérêts auxquels la Grèce doit emprunter sur le marché obligataire.

Le mécanisme d'aide agréé est un dispositif de prêts que la Grèce pourra utiliser "en dernier recours" si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés pour financer ses déficits.

Le dispositif sera alimenté majoritairement par des prêts de partenaires de la Grèce au sein de la zone euro, et du FMI.

Il pourra être à l'avenir utilisé en théorie par tous les pays de la zone euro.

Cependant, des incertitudes demeurent. D'abord l'Allemagne, qui a largement imposé ses vues sur la mise en place du dispositif d'aide, a aussi obtenu un droit de veto sur son activation. Ce qui promet de nouvelles tractations difficiles si le cas se présente: personne ne sait très bien à quelles conditions précises cela pourrait être le cas.

En outre, les difficultés fondamentales de l'économie grecque demeurent. Et la crainte d'une contagion aux économies les plus fragiles de la zone euro n'est pas écartée.

L'accord "pourrait calmer certaines des pressions à court terme sur l'euro", mais "il serait faux de penser que la crise (grecque) est terminée", souligne l'économiste Jonathan Loynes, de Capital Economics.

"Cela ne compterait pas tant que ça pour la zone euro si la Grèce était seule. Mais elle ne l'est clairement pas, comme l'ont souligné des informations récentes" sur le Portugal notamment, qui a vu sa note d'endettement dégradée cette semaine, a-t-il ajouté.

"S'il y a un effet de domino, si le Portugal, l'Espagne et même la Belgique sont touchés par ces effets de panique qu'on a vu si souvent dans les marchés financiers, les coûts seront considérablement plus élevés", a jugé de son côté l'économiste belge Paul de Grauwe.

Le président de l'UE Herman Van Rompuy et le président de la BCE Jean-Claude Trichet se veulent eux rassurants.

"Je crois vraiment que les situations ne sont pas comparables du tout", a dit M. Van Rompuy à propos du Portugal.

M. Trichet a affirmé de son côté n'avoir "aucun doute sur la capacité du Portugal à poursuivre avec succès sa politique" de réduction de ses déficits.