
Pour le septième jour consécutif, Israël poursuit ses raids sur la bande de Gaza. Le Hamas appelle les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est à manifester massivement ce vendredi.
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Retrouvez l'analyse de la situation par Frédéric Encel, chercheur et spécialiste du Proche-Orient
Au lendemain de l’attaque aérienne qui a tué Nizar Rayan, un important dirigeant du Hamas, le mouvement islamiste a appelé à une "journée de colère" contre "l’occupant sioniste", exhortant les Palestiniens de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est à manifester massivement à la sortie des mosquées après la prière du vendredi.
Dans un communiqué publié sur son site d'information, le Hamas a appelé à la tenue de "marches massives" de solidarité avec les Palestiniens de Gaza après les prières du vendredi partant de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem et de "toutes les mosquées en Cisjordanie". Le mouvement islamiste a pris de pouvoir à Gaza en 2007, après avoir délogé les représentants du Fatah, parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
En état d’alerte
Les services de sécurité israéliens sont en état d’alerte, en particulier autour de la très symbolique mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem.
Les tensions s’accentuent après la sixième nuit de raids israéliens sur la bande de Gaza. Plus de 400 personnes ont été tuées et près de 2 100 blessées depuis le début des hostilités samedi dernier, selon des sources médicales palestiniennes. Près de 25 % des victimes seraient des civils, selon les Nations unies.
L’objectif affiché de l’Etat hébreu est de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, qui ont fait quatre morts et des dizaines de blessés, la semaine dernière.
La mort du dirigeant Nizar Rayan porte un coup dur au Hamas, désormais privé de l’un de ses meilleurs orateurs. L’homme était connu pour ses discours enflammés contre Israël et le Fatah de Mahmoud Abbas. Deux avions de combat israéliens ont tiré des missiles sur sa maison dans l’enceinte du camp de réfugiés de Jabaliya, tuant le militant extrémiste, ses quatre femmes, 10 de ses enfants et deux voisins. L’armée israélienne a confirmé l’attaque, affirmant que la maison servait de cache d’armes et de centre de communication pour le Hamas.
Des manifestations ont eu lieu vendredi en Australie, en Indonésie et aux Philippines. Plus de 10 000 musulmans ont défilé dans Jakarta après leur prière du vendredi. Certains pointaient de faux missiles vers l’ambassade des Etats-Unis, avec la mention "Cible : Tel Aviv, Israël". Au Caire, des centaines de policiers anti-émeutes sont déployés autour de mosquées clés. La police égyptienne a arrêté une vingtaine de membres des Frères musulmans qui ont appelé à manifester massivement, selon l’agence de presse Reuters.
Les ressortissants étrangers évacués de Gaza
Israël a autorisé l’évacuation de plus de 400 étrangers vivant à Gaza, principalement des conjoints de Palestiniens. Après le déploiement massif de chars israéliens le long de la frontière avec Gaza, cette évacuation a ravivé la crainte d’une probable offensive terrestre de grande envergure. "Certains observateurs la voient en tout cas comme un signal lancé par Israël", commente Annette Young, correspondante de FRANCE 24 à Jérusalem.
Selon Zouheir al-Naggar, correspondant FRANCE 24 à Gaza, la panique gagne peu à peu les habitants de la région, où des centaines d’habitations ont été détruites. "Depuis deux jours, l’idée d’une offensive israélienne terrestre se fait de plus en plus pressante, affirme-t-il. Le fait que des Russes et des Américains aient disposé, ce matin, de quatre petites heures pour évacuer le centre de la Croix-Rouge a alimenté toutes les craintes."
La peur grandissante des Gazaouis
De son côté, la communauté internationale s’inquiète chaque jour un peu plus de la situation humanitaire qui règne dans la bande de Gaza. En dépit des déclarations de certaines ONG, selon lesquelles les stocks de nourriture, de carburant et de médicaments s’épuisent, Tzipi Livni, la chef de la diplomatie israélienne, a affirmé qu’"il n’y avait pas d’urgence humanitaire" sur le territoire.
D’après Zouheir al-Naggar, la situation est pourtant grave : "La population n’a pu bénéficier que d’une faible quantité de l’aide parvenue à Gaza, témoigne-t-il. Les centres d’assistance n’ont pu ouvrir que quelques heures chaque jour, en raison des risques de bombardement".
L’imminence d’une attaque terrestre reste incertaine. "Les conditions météorologiques sont plutôt favorables à une offensive au sol, indique Young. Mais seule une douzaine de personnes savent si une attaque terrestre va avoir lieu."
Malgré les demandes de la communauté internationale, Israël a rejeté l’idée d’un cessez-le-feu de 48 heures qui faciliterait l’assistance humanitaire.