
Quatre anciens ministres travaillistes sont accusés d'avoir accepté de l'argent de la part de journalistes se faisant passer pour des lobbyistes. Un scandale dont comptent profiter les conservateurs, à quelques semaines des législatives.
REUTERS - Le leader conservateur David Cameron s’est emparé mardi du scandale d’abus de pouvoir qui éclabousse trois anciens ministres travaillistes pour mettre en difficulté le Labour, à moins de deux mois des élections législatives au Royaume-Uni.
Geoff Hoon, Stephen Byers et Patricia Hewitt, qui ont été respectivement ministres de la Défense, des Transports et de la Santé, ont été suspendus du Labour pour avoir proposé à des journalistes qui se faisaient passer pour des lobbyistes d’intervenir auprès des pouvoirs publics moyennant finances.
Les trois mis en cause ainsi que la parlementaire Margaret Moran ont été filmés à leur insu dans le cadre d’une enquête réalisée pour le Sunday Times et la chaîne Channel 4, et diffusée lundi.
Aucun des quatre n’avait l’intention de briguer un nouveau mandat électif. Cependant, David Cameron a souligné qu’ils avaient donné aux électeurs une image désastreuse des hommes politiques, laissant penser qu’ils ne sont que de « sordides profiteurs ».
« Ce n’est pas le cas. Le vrai rôle de la politique et du parlement est de changer les choses pour le meilleur. Et un nouveau gouvernement, un nouveau Premier ministre, un nouveau parlement pourraient faire la différence », a assuré le leader tory lors d’une conférence de presse.
Moraliser la vie politique
La moralisation de la vie politique s’est imposée comme un thème électoral majeur dès l’année dernière avec le scandale portant sur les notes de frais douteuses ou excessives de nombreux parlementaires, travaillistes comme conservateurs.
Le Labour, à la traîne dans les sondages avant l’élection, qui aura sans doute lieu le 6 mai, a estimé que la suspension de ses quatre membres mis en cause pour abus de pouvoir suffisait et qu’il était inutile d’ouvrir une enquête à leur encontre comme l’a réclamé Cameron.
David Cameron a promis qu’un gouvernement conservateur ferait passer de un à deux ans le délai nécessaire avant que d’anciens ministres puissent travailler comme lobbyistes politiques.
« Notre système politique semble toujours plus à bout de souffle. Il dépend de la confiance publique et celle-ci est aussi sur le point de faire défaut », a-t-il diagnostiqué.
Le scandale du lobbying apporte des cartouches bien venues aux Tories, eux-mêmes sur la sellette avec l’affaire de leur vice-président Michael Ashcroft, un milliardaire et donateur du Parti conservateur qui a reconnu ne pas payer tous ses impôts en Grande-Bretagne.
Le Labour n’avait pas hésité à exploiter cette faille pour mettre en difficulté son adversaire.