Devant le lobby juif américain de l'Aipac, Hillary Clinton a condamné la colonisation israélienne, à l'origine de tensions entre Washington et Tel Aviv depuis deux semaines, tout en réitérant le soutien de son pays à la sécurité de l'État hébreu.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s’est exprimée ce lundi devant l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee), le principal lobby juif américain qui tient son congrès annuel à Washington depuis dimanche.
Dans les rangs de l'Aipac, dont le but est de maintenir à tout prix intact l'alliance stratégique entre l'État hébreu et les Etats-Unis, le discours d'Hillary Clinton était très attendu. Les relations entre les deux pays se sont passablement dégradées depuis que le gouvernement israélien a déclaré, il y a deux semaines, la poursuite de la colonisation à Jérusalem-Est. Ce projet, annoncé en pleine visite du vice-président américain Joe Biden à Jérusalem, avait été jugé insultant par la secrétaire d'Etat américaine.
Négociations "en danger"
Devant l'assemblée de l'Aipac, la chef de la diplomatie américaine a cette fois-ci tenu des propos plus apaisés et a réitéré le soutien "inébranlable" de Washington à la sécurité de l'Etat hébreu. Faisant référence au refus du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de lâcher du lest sur la colonisation, Hillary Clinton a tout de même affirmé l’importance "de dire la vérité" à ses amis quand cela est nécessaire.
"Les nouvelles constructions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie affectent la confiance mutuelle, mettent en danger la négociation indirecte qui est la première étape vers de véritables pourparlers voulus par les deux parties", a-t-elle lancé, ajoutant que ces initiatives ouvraient "un espace entre Israël et les Etats-Unis que d'autres, dans la région, pourraient être tentés d'exploiter".
Enfin, selon elle, ces démarches "affaiblissent la capacité unique des Etats-Unis de jouer un rôle essentiel dans le processus de paix" entre Israël et les Palestiniens.
Rencontre Netanyahou-Obama
La question des colonies a sérieusement envenimé le processus de paix au Proche-Orient. En annonçant la construction de 1 600 logements dans un quartier de Jérusalem-Est, le gouvernement israélien a frontalement provoqué les Etats-Unis qui, comme la communauté internationale, ne reconnait pas l'annexion de Jérusalem-Est, à majorité arabe et conquis par Israël en juin 1967. Conséquence de quoi, la mission de l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, programmée la semaine dernière, a été annulée.
Ce dernier s’est toutefois entretenu lundi en Jordanie avec le président palestinien Mahmoud Abbas pour tenter de lancer les négociations indirectes.
Malgré ces efforts, Benjamin Netanyahou, qui doit lui aussi prendre la parole lors de la conférence de l’Aipac, ne devrait pas changer sa position sur la colonisation. Dimanche déjà, il avait averti que les pressions internationales n'empêcheraient pas l'Etat hébreu de poursuivre ses constructions à Jérusalem. Le Premier ministre israélien, qui doit dîner avec Joe Biden lundi soir et rencontrer le lendemain le président Barack Obama, a néanmoins accepté de faire des "gestes de bonne volonté" afin de relancer les négociations avec les Palestiniens, stoppées depuis la fin 2008.