Le procès ce lundi de quatre salariés du groupe anglo-australien Rio Tinto accusés d'espionnage et de corruption a valeur de test pour le système judiciaire chinois. Le directeur du géant minier en Chine, un citoyen australien, a plaidé coupable.
AFP - Le directeur australien de Rio Tinto à Shanghai, jugé pour espionnage industriel et corruption, a plaidé coupable de ce dernier chef d'accusation lundi, a annoncé un avocat au premier jour d'un procès suivi de près par Canberra et les investisseurs étrangers en Chine.
L'Australien Stern Hu et trois employés chinois du groupe minier anglo-australien sont accusés d'avoir obtenu des "secrets commerciaux" par des moyens "illégitimes" et d'avoir touché des pots-de-vin.
Le Premier ministre australien, Kevin Rudd, a répété lundi que "le monde allait être très attentif" à ce procès qui, pour les entrepreneurs étrangers en Chine, reflètera le climat des affaires et constituera un test de la transparence de la justice.
L'arrestation des quatre hommes en juillet avait provoqué une vive inquiétude chez les investisseurs étrangers.
A l'issue de la première journée d'audiences, un avocat a affirmé à l'AFP que Stern Hu avait plaidé coupable dans le volet corruption du procès, tandis que le consul général d'Australie Tom Connor indiquait que M. Hu "avait reconnu une partie des accusations de corruption".
Selon Tao Wuping, avocat de Liu Caikui, un des collaborateurs chinois, Stern Hu est accusé, comme Ge Minqiang, d'avoir touché près de 650.000 euros de pots-de-vin, Liu la moitié de cette somme, tandis que le quatrième homme Wang Yong aurait lui touché plus de 7,5 millions d'euros.
Me Tao n'a pas confirmé à l'AFP que Liu avait aussi plaidé coupable de corruption, comme il l'avait précédemment affirmé, selon l'agence Dow Jones Newswires.
Présent à Pékin pour un forum économique, le PDG de Rio Tinto Tom Albanese a indiqué lundi qu'il "attendait respecteusement le résultat du processus légal chinois".
Mais il a aussi souligné que cette affaire était un sujet "de grande préoccupation" pour Rio Tinto, "comme elle le serait pour toute compagnie opérant en Chine".
Lundi seule une poignée de journalistes, apparemment représentants de médias officiels, a pu pénétrer dans le tribunal sur la cinquantaine de reporters rassemblés devant le bâtiment, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les audiences de cette première journée consacrées aux accusations de corruption étaient publiques. La partie espionnage industriel -- qui démarre mardi après-midi selon Me Tao -- doit être à huis clos.
Canberra a cependant demandé la présence de ses représentants à l'intégralité des audiences qui doivent durer jusqu'à mercredi.
La Chine a appelé à ne pas "politiser" le procès et souligné que les droits des accusés seraient "pleinement respectés".
L'interpellation des quatre hommes était intervenue alors que les sidérurgistes chinois menaient d'âpres -- et finalement vaines -- négociations sur le prix du minerai de fer avec les géants miniers étrangers, dont Rio Tinto.
Les médias chinois avaient laissé entendre que Rio Tinto et d'autres grandes compagnies minières auraient corrompu des industriels chinois pour avoir accès à certaines données sensibles dans le cadre des négociations, comme les niveaux des stocks, les prévisions de production, ainsi que des informations financières.
Analystes et hommes politiques australiens avaient aussi relevé que cela se produisait un mois après l'échec d'un accord stratégique entre Rio Tinto et le géant public chinois de l'aluminium Chinalco, qui voulait doubler sa participation au capital du groupe anglo-australien contre un apport de près de 20 milliards de dollars (us).
Rio Tinto et Chinalco ont signé vendredi un accord pour développer conjointement un projet d'exploitation de l'une des plus grandes réserves de fer au monde en Guinée.