Les combattants autonomistes kurdes des Peshmergas ont lutté pour se libérer de l’oppression du régime de Saddam. Depuis l’autonomie de leur province en 2003, ils forment une force armée aux moyens modestes. Les femmes ont participé au combat.
1974. Leila Kassem, une militante kurde, est exécutée par le régime de Saddam Hussein. Un acte qui marque le coup d'envoi de la mobilisation des femmes peshmergas, alors de plus en plus nombreuses à s'engager dans les troupes kurdes, afin de libérer leur province de l'hégémonie des forces de sécurité de Bagdad.
C’est à Suleimaniya, Khankine et Erbil que ces militantes mènent leurs premières opérations : distribution de tracts, trafic d'armes et même assassinats... L’organisation militaire des femmes peshmergas prend véritablement forme avec l’opération "Tempête du désert", menée par les États-Unis contre l’Irak en 1991.
Formées depuis 1997 à la faculté militaire kurde de la citadelle de Choualan, ces combattantes participent, en 2003, aux opérations militaires aux côtés des forces alliées. Elles entrent avec les troupes américaines à Kirkouk, après la chute de Bagdad.
Aujourd’hui, les quelque 400 femmes de la brigade peshmergas – militaires et civiles – participent à des activités d'aide, à la lutte contre l'analphabétisme et à l'organisation de séminaires et de conférences dans les différentes régions du Kurdistan irakien. Elles participent aussi à des compétitions sportives, du tir aux différents sports de combat.
Ministère peshmerga
Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, dans le nord du pays, héberge le siège du président irakien, Jalal Talabani, surnommé "Mam Jalal". À deux heures et demie de route se trouve Suleimaniya, siège de la brigade des femmes peshmergas, qui est placée sous le contrôle du parti de Talabani.
"'Mam Jalal' était un guerrier féroce, à l’époque où il était membre des Peshmergas. Sa gentillesse et son affabilité, il les doit aux difficultés qu'il a rencontrées auparavant, et qui ont contribué, entre autres, à son arrivée au pouvoir. Il est le premier président kurde d’Irak", racontent des habitants de la province.
Autour de la résidence de Talabani et sur la route de Suleimaniya, des camps militaires appartenant aux Peshmergas, qui constituent toujours l'armée de la province, se déploient.
Les deux partis kurdes démocrates de Massoud Bourazani et du rassemblement de Talabani possèdent encore des forces armées. Celles-ci sont en cours de démantèlement et doivent être regroupées sous un commandement unique, le ministère Peshmerga. Une tutelle que s’apprêtent également à rejoindre les femmes peshmergas.
Intégration à l’armée irakienne
À la tête du ministère Peshmerga, il y a le cheikh Jaafar Moustapha. À près de 50 ans, il est considéré comme un héros. On raconte qu’il a vaincu, à lui tout seul, deux garnisons militaires. Des raids aériens ne l’auraient pas empêché de continuer à se battre pendant neuf jours.
Les armes des Peshmergas, qui datent de l'ancien régime, ont été délaissées par les combattants après la libération du Kurdistan. Devant le quartier général de l'état-major du parti de Talabani trône encore une série de chars, qu’il est interdit de photographier.
Selon la Constitution irakienne, les Peshmergas kurdes font désormais partie de l'armée irakienne. Des accords, signés entre Bagdad et Erbil, prévoient que le gouvernement central leur fournisse des armes. Une promesse qui n’a toujours pas été tenue…
Pour certains hommes politiques, les Peshmergas ne sont rien de plus qu’une milice. Un dénigrement qui pousse leurs leaders à travailler ardemment, malgré des moyens très modestes, pour prouver le contraire.
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© {{ scope.credits }}Article traduit de l'arabe par Leila Chalhoub.