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"Exclure un État membre de la zone euro est une idée absurde"

Dans un entretien exclusif à FRANCE 24, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s’exprime sur la possibilité d’une aide du FMI à la Grèce. Il rejette l’idée allemande d’une exclusion de certains États membres de la zone euro.

Les propos de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a demandé que les pays qui ne respectent pas les critères de stabilité soient, à l’avenir, exclus de la zone euro, suscitent une vague de réactions. Alors que la Grèce croule sous une dette et un déficit budgétaire énormes, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s’est opposé à cette idée dans un entretien exclusif à France 24.

Angela Merkel a répété, mercredi, le refus de son pays d’apporter son soutien à la Grèce, estimant que faire un geste envers Athènes maintenant n'était "pas la bonne réponse". Il faut "attaquer le problème à la racine", a-t-elle affirmé.

L’exclusion, une idée "absurde"

"Je n'ai pas à faire de commentaire sur d'autres commentaires, explique José Manuel Barroso à France 24. Ce que je peux vous dire, c'est la position de la Commission, notamment par rapport au traité actuel (ndlr : le traité de Lisbonne). Actuellement, l’exclusion de la zone euro d’un État membre n'est pas possible. C'est absurde."

"On peut discuter de beaucoup de scénarios, il y a plusieurs idées pour l'avenir. Nous sommes pour le renforcement de la surveillance dans la zone euro, sans doute. Mais je crois que l’idée d’une exclusion n'est pas envisageable dans le cadre actuel, ce serait même conraire au traité", ajoute-t-il.

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"L'exclusion d'un État membre est contraire au traité"

"La sortie d’Angela Merkel, sur la possibilité d’exclure un pays de la zone euro, est très forte, précise Caroline de Camaret, spécialiste Europe à France 24. C’est effectivement un tabou qui tombe. Depuis 1991 et le traité de Maastricht, on avait toujours considéré qu’on pouvait entrer dans la zone euro, mais pas en sortir. "

Le gouvernement grec doit emprunter 53 milliards d'euros sur les marchés financiers en 2010, dont près de 20 milliards d’ici fin mai, afin de refinancer sa dette.

José Manuel Barroso, de son côté, a exhorté, vendredi, les États membres à s’accorder sur une feuille de route pour sortir la Grèce de la crise le plus rapidement possible. Il propose que tous octroient des prêts bilatéraux à Athènes d'une manière coordonnée, estimant qu'une telle initiative ne contreviendrait en rien au principe de non-renflouement en vigueur dans la zone euro.

L’intervention du FMI, une humiliation pour l’Europe ?

Selon certains médias, et notamment le Daily Telegraph, la Grèce pourrait se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI) pour emprunter de l’argent à un taux d’intérêt de 3,25 %. Si l'Union européenne n’a pas précisé les conditions d’une aide éventuelle, elle a laissé entendre qu’elle pourrait pratiquer un taux "sanction" de l’ordre de 4 ou 5 %.

"Je ne vais pas commencer à spéculer sur les différents scénarios, indique José Manuel Barroso. Ce que je veux rappeler, c'est que la Grèce et tous les États de l'Union européenne sont membres du FMI. Les pays européens sont même de loin la plus grosse source de revenus pour le FMI. Donc ce n'est pas une question de prestige. La question est de savoir quel sera le meilleur moyen de répondre à cette situation."

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"L'intervention du FMI n'est pas une question de prestige pour l'UE"

Pour Caroline de Camaret, l’idée d’une participation du FMI au sauvetage de la Grèce "fait son chemin".

 Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a cependant nié formellement, jeudi, que son pays puisse demander l’aide du FMI début avril. Il a qualifié ces informations de "stupides".

José Manuel Barroso, de son côté, en appelle au respect du traité de Lisbonne et à la raison des États européens.

"Les chefs de certains gouvernements ont, lors du dernier conseil européen informel, affirmé que la zone euro était prête à prendre toutes les mesures nécessaires, rappelle-t-il. Si la Grèce a besoin d'un soutien, ils sont prêts à l'aider. L'Allemagne est prête, dans le cas où la Grèce en aurait besoin. Pour l'instant, Athènes n’a réclamé aucune assistance financière."