Auteur du rapport de l’ONU-Habitat 2009-2010 sur l’état des villes dans le monde, Eduardo Lopez Moreno revient, pour France24.com, sur les raisons qui font de la capitale chinoise la ville la plus égalitaire au monde. Entretien.
France24.com : Votre rapport dresse une hiérarchie des villes du monde en fonction de leur degré d'inégalité. Quelle est la plus égalitaire de toutes ?
Eduardo Lopez Moreno : La ville la plus égalitaire au monde est Pékin. Elle arrive en tête de notre classement, en compagnie de deux autres villes chinoises moins importantes. Selon notre coefficient d’inégalité, c’est là que la répartition des richesses est la plus juste. Pour l’établir, nous avons pris en compte plusieurs facteurs comme les disparités de revenus, l’accès aux soins et les opportunités professionnelles. Il est clair que l’héritage communiste contribue à cette égalitarisme et que les autorités, malgré les changements profonds de politique économique, essaient de maintenir ce socle.
Reste qu'égalité ne veut pas dire bon vivre. Chacun jugera selon ses priorités. Une personne habituée aux libertés du monde occidental ne sera, bien sûr, pas du tout à l’aise en Chine, alors qu’une personne démunie y trouvera probablement des opportunités et un certain confort.
Quelle ville se trouve à la fin de votre classement ?
Les villes d’Afrique du Sud sont clairement les plus inégalitaires. Les disparités de revenus sont particulièrement inquiétantes à Johannesburg. Si, maintenant, on établit une moyenne régionale, l’Amérique latine passe devant l’Afrique. Dans le sous-continent américain, les plus grandes disparités sont observées en Colombie et au Mexique.
Dans votre rapport, vous pointez aussi du doigt les différences entre les villes européennes et les villes d’Amérique du Nord…
Tout à fait. Le cas des pays d’Europe du Nord est particulièrement frappant. En Finlande, en Suède ou au Danemark, les inégalités sont faibles. Mais en général, l’Europe est très égalitaire par rapport au reste du monde. C’est particulièrement frappant, par comparaison aux États-Unis. Dans les 40 villes américaines les plus importantes, Washington et New York incluses, le coefficient d’inégalité équivaut à celui des pays d’Afrique. À Washington, par exemple, 4 % de la population accapare 60 % des richesses.
Comment ont évolué les inégalités par rapport à l’an dernier ?
Elles se creusent faiblement. En Europe et en Asie, elles ont tendance à s’accentuer mais peut-être pas autant que ce qu’on aurait pu penser. En revanche, en Afrique et en Amérique du Sud, les inégalités régressent, mais il faut dire qu’on part de très loin dans ces régions...