Le cardinal-archevêque de Vienne a appelé à une réflexion profonde autour de la question du célibat des prêtres alors que plusieurs pays européens font face à une avalanche de scandales pédophiles au sein de l'Église catholique.
Tradition séculaire dans l’Eglise catholique, le célibat des prêtres revient au centre des débats en raison des récents scandales de pédophilie qui ont éclaboussé l’Eglise en Irlande, aux Pays-Bas, en Autriche et en Allemagne.
Le cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, a appelé, mercredi, à "s’interroger sur les raisons" de ces actes de pédophilie. Il a notamment évoqué la question du célibat des prêtres, sans toutefois la "remettre en cause", selon ses services.
Le responsable de l’église autrichienne souhaite un examen transparent des possibles causes de ces dérives. Pour lui, "ceci inclut la question de l'éducation et de la formation des prêtres comme la question des suites de la révolution sexuelle au sein de la génération 1968", mais également "le thème du célibat comme celui du développement personnel", a-t-il fait savoir.
En réponse, le Vatican a réaffirmé, ce jeudi, l’importance du célibat des prêtres. "Le célibat sacerdotal est un don de l'Esprit-Saint qui demande à être compris et vécu avec une plénitude de sentiment et de joie, dans un rapport total avec le Seigneur", a déclaré, à Rome, le cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé, en ouvrant une convention théologique intitulée "fidélité du Christ, fidélité du prêtre".
"Pour lutter contre la pédophilie, abolissons le célibat des prêtres"
Le cardinal Schönborn n’est cependant pas le seul à soulever la question du célibat. De nombreux théologiens, le Suisse Hans Küng en tête, demandent d'abolir cette tradition multiséculaire. Opposant notoire au pape Benoît XVI, Hans Küng a récemment publié dans plusieurs journaux européens une tribune intitulée "Pour lutter contre la pédophilie, abolissons le célibat des prêtres". Le célibat "est structurellement l'expression la plus frappante de la relation crispée qu'entretient la religion catholique avec la sexualité", affirme-t-il, voyant dans cette "règle" la "cause essentielle et structurelle" des abus sexuels. Des organisations de laïcs catholiques, telle que Nous sommes Eglise, lui ont emboîté le pas.
Directeur de la rédaction de Golias, une publication catholique critique, Christian Terras partage ce point de vue. "Il est un fait que la continence, imposée par le célibat ecclésiastique, a toutes les raisons d’accroître les risques de recourir à l’acte pédophile", affirme-t-il. Pour lui, "la situation actuelle de l’Eglise est très préoccupante". Au-delà de la question du célibat des prêtres, c’est "celle de tout le rapport de cette église à la sexualité qui se pose", ajoute-t-il.
Christian Terras déplore l’attitude de l’Eglise "qui en couvrant ces crimes [de pédophilie] a participé à une sorte de crime organisé, et qui refuse toujours de reconnaître que c’est tout le système qui a failli".
Le célibat des prêtres est une règle disciplinaire et non doctrinale propre à l’Eglise catholique. Il existe cependant au sein même du catholicisme des exceptions puisque les Eglises catholiques d’Orient ordonnent des hommes mariés, et que le Vatican accepte la conversion au catholicisme de prêtres anglicans mariés.