En tournée au Proche-Orient, le vice-président américain réclame une reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Ces derniers refusent de reprendre des négociations directes sans un gel total de la colonisation israélienne.
REUTERS - Le processus de paix doit reprendre sans tarder, a exigé jeudi Joe Biden, au lendemain du refus des Palestiniens d’engager le dialogue indirect souhaité par Washington du fait de la décision prise par Israël de construire 1.600 nouveaux logements pour les Juifs dans le Grand Jérusalem.
Le vice-président américain a vivement condamné à deux reprises, mardi et mercredi, le moment et la nature d’une initiative israélienne "qui sape la confiance dont on a besoin à ce moment précis" et qui l’a cueilli à froid alors qu’il se trouvait à Jérusalem pour tenter de donner une impulsion décisive au processus de paix.
De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas, qui refuse de reprendre des négociations directes sans un gel total de la colonisation israélienne, mais avait sous la pression de Washington accepté le principe de négociations indirectes, a fait machine arrière.
Le chef de l’Autorité autonome palestinienne et de l’OLP ne participera pas à des négociations indirectes avec Israël dans les circonstances actuelles, a fait savoir mercredi soir le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à l’issue d’une réunion d’urgence des représentants permanents de la Ligue arabe au Caire.
La Ligue, qui avait donné la semaine dernière son feu vert à Abbas pour remettre une réponse écrite favorable à l’émissaire américain George Mitchell, venu ce week-end promouvoir de tels pourparlers dits de "proximité" sous son égide, a exigé avant toute chose le retrait de la décision israélienne.
"Ne pas prendre du retard"
Selon Amr Moussa, la Ligue arabe réexaminera en outre son soutien à l’idée de pourparlers indirects, dont elle avait fixé une durée maximale de quatre mois et un objectif précis, à savoir un accord sur la coexistence future d’Israël et de la Palestine indépendante sur la base des frontières d’avant la guerre de 1967.
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue prendront une décision dans les jours qui viennent et concluront que des pourparlers indirects ne sont pas pertinents si Israël ne cesse pas ses "agissements pour modififier la structure démographique et la composition géographique des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est", a prévenu Moussa.
C’est face à cette menace que Joe Biden a estimé jeudi, dans une intervention à l’université de Tel Aviv, que le plus important était que les négociations se poursuivent rapidement "et en toute bonne foi".
"Nous ne devons pas prendre du retard, car, lorsque les progrès sont reportés, les extrémistes exploitent nos divergences", a-t-il dit.
Mais l’annonce inopinée par le ministère israélien de l’Intérieur, aux mains du parti ultra-orthoxe Shas, de la construction de nouveaux logements juifs dans la colonie radicale de Ramat Shlomo est un revers pour la diplomatie américaine, bien que l’entourage de Benjamin Netanyahu se soit efforcé de convaincre que le Premier ministre lui-même avait été pris de court.
"Ce qu’il faut c’est que, lorsque Mitchell reviendra dans la région, il réussisse à obtenir la révocation de la décision israélienne sur les colonies, pour offrir une chance d’engager les pourparlers indirects", a déclaré un conseiller d’Abbas, Nabil Abou Rdaïnah.
"Une ville qui doit grandir encore"
Mais, lors de son discours à l’université de Tel Aviv, Joe Biden n’a pas laissé entendre que Washington ferait pression en ce sens sur Israël. Il a seulement dit avoir reçu de Netanyahu l’assurance que le chantier à Ramat Shlomo ne débuterait pas avant des années.
Il a assuré que les Palestiniens s’étaient mépris quant à l’annonce du ministère israélien de l’Intérieur en comprenant que ces travaux pourraient débuter dans les deux mois. Puisque le chantier n’est pas sur le point de démarrer, toujours selon lui, les négociateurs auront "du temps de résoudre ce problème et les autres qui sont en suspens".
"Jérusalem est la capitale d’Israël et les chantiers y seront menés à bien conformément à la planification, comme à Tel Aviv et ou dans n’importe quelle autre ville", a déclaré le secrétaire général du gouvernement israélien, Zvi Hauser.
Interrogé par Radio Israël sur l’information du quotidien libéral de gauche Haaretz voulant que 50.000 nouveaux logements soient prévus à Jérusalem, Hauser a répondu: "Je le répète, la construction à Jérusalem se poursuivra selon toutes les phases du calendrier."
"Jérusalem est une grande ville. C’est une ville qui doit grandir encore"