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Michèle Alliot-Marie se défend de vouloir "museler" la justice

Suite à la mobilisation sans précédent des professionnels de la justice contre le projet de réforme de la procédure judiciaire, la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, nie les accusations et assure ne pas vouloir "museler" la justice.

Michèle Alliot-Marie, qui a réagit aux accusations des milliers de professionnels de la justice qui ont manifesté mardi dans toute la France contre le projet de réforme judiciaire, a nié mercredi sur iTélé toute velléité de museler la justice.

"C'est totalement faux, au contraire", a répondu la ministre de la Justice à une question sur la volonté prêtée au gouvernement de "museler" la justice et d'étouffer des affaires gênantes, par le biais de son projet de réforme de la procédure pénale.

Celui-ci prévoit de supprimer le juge d'instruction et de confier toutes les enquêtes aux procureurs, magistrats du parquet subordonné à la Chancellerie. Il instaure par ailleurs un "juge de l'enquête et des libertés", chargé de contrôler l'enquête des procureurs.

Manifestation unitaire des professionnels de la justice

Mardi, plusieurs milliers de professionnels de la justice ont manifesté à Paris et en province contre ce projet, et pour réclamer plus de moyens pour mener à bien leurs missions.

Aux cris de "la justice au pas, on n'en veut pas", ou "à ceux qui veulent enterrer les affaires, la justice répond : on ne laissera pas faire", quelque 2.300 manifestants, selon la police, entre 3.000 et 5.000 selon les organisateurs, ont défilé à Paris entre le palais de justice et les abords de la Chancellerie.

Magistrats, avocats, greffiers, éducateurs, agents de probation, gardiens de prison... la vingtaine d'organisations ayant appelé à cette mobilisation, "historique" selon elles, se félicitaient d'avoir pu rassembler des professions unies par le même "ras-le-bol", qui crient au manque de moyens et s'indignent de la volonté prêtée au gouvernement de mettre la justice "aux ordres".

Parmi les récriminations, la réforme de la procédure pénale, qui prévoit de supprimer le juge d'instruction et de confier toutes les enquêtes aux procureurs, magistrats du parquet subordonnés à la Chancellerie, est particulièrement décriée. Les conditions de la garde à vue sont également dénoncées par les avocats.

MAM défend son budget et la réforme


A l'issue du défilé, une délégation a été reçue au ministère de la justice par le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie.

Défendant dans un communiqué tant son budget (en augmentation) que ses projets de réforme, le ministère de la justice dit leur avoir rappelé que "la modernisation de la justice (...) est, et continuera à être, menée en étroite concertation avec tous les acteurs de la justice, dans un esprit de transparence et d'écoute jamais égalé lors des réformes antérieures".

"J'entends leurs préoccupations", a déclaré Mme Alliot-Marie sur itélé mercredi matin, tout en estimant que les manifestants avaient été "peu nombreux mardi". Dès qu'une réforme se profile dans la justice, "il y a des gens dans la rue", a-t-elle dit.

L'opposition soutient l’engagement des professionnels de la justice.  La magistrate Eva Joly, eurodéputée d'Europe Ecologie (EE), avait estimé la semaine dernière à Nice lors d'un meeting, que la réforme de la procédure pénale était "une loi scélérate, indécente, anti-démocratique, dont l'unique objectif est de blanchir quelques amis du pouvoir".

Interrogée sur ces déclarations, Michèle Alliot-Marie a répondu qu'Eva Joly avait "dit énormément de bêtises, comme si elle ne connaissait pas les choses". "Mais je pense qu'elle a d'autres préoccupations aujourd'hui, qui sont des préoccupations politiques, et non pas des préoccupations juridiques", a-t-elle commenté.