logo

Le "non" au référendum ouvre une période d'incertitudes

Après la victoire écrasante du non au référendum sur l’accord Icesave, France24.com se penche sur la suite de cet imbroglio politico-financier grâce à l’éclairage de Rosa Björk, la correspondante en Islande de France 24.

93,2% des Islandais ont rejeté l’accord financier Icesave qui prévoyait le remboursement par l’État d’ici à 2024 de 3,9 milliards d’euros de pertes essuyées par les épargnants britanniques et hollandais après le naufrage de la banque en ligne Icesave. Il s’agit du premier référendum organisé en Islande et le résultat ouvre une période d’incertitudes. Voici quelques clés pour comprendre ce qui est maintenant en jeu.

Pourquoi les Islandais ont-ils voté massivement non ?

L’accord financier Icesave revenait à faire payer par chaque foyer islandais 48 000 euros. Même si le remboursement était échelonné sur plusieurs années, les Islandais ont estimé que ce n’était pas aux contribuables de payer une telle somme pour des erreurs de gestion d’une entreprise privée. "Certains ont également voulu exprimer leur opposition au principe même du remboursement et d’autres ont cherché à sanctionner le gouvernement en place", nuance Rosa Björk, correspondante France 24 en Islande. Pour beaucoup, cet accord était considéré comme une injustice "au même titre que le traité de Versailles [qui avait été imposé aux Allemands au lendemain de la Première guerre mondiale]", conclut Rosa Björk.

 Le non au référendum signifie-t-il que l’Islande ne remboursera pas la dette d’Icesave ?

Le président islandais, Olafur Ragnar Grimsson, a répété depuis le lancement en janvier du référendum qu’un résultat négatif ne remettait pas en cause le principe du remboursement. Le "non" signifie que l’Islande, le Royaume-Uni et les Pays-Bas vont devoir retourner à la table des négociations au plus vite. Seul problème : l’accord qui a été soumis au référendum était déjà une version plus favorable pour l’Islande du compromis initial.

 Comment ont réagi les Britanniques et les Hollandais ?

Les ministres britanniques et hollandais des Finances ont, tous les deux, estimé que ce référendum était avant tout une "affaire interne" et se sont dit prêts à reprendre les négociations. Alistair Darling, le Chancelier de l’échiquier britannique a rappelé à la BBC que "l’essentiel est que nous récupérions l’argent, mais nous restons ouverts sur les conditions".

 Le résultat met-il en péril le gouvernement en place ?

"Malgré le "non", le gouvernement a toujours le soutien de la population", assure Rosa Björk. Pourtant, le Premier ministre Johanna Sigurdardottir s’était opposée au référendum dans un premier temps et le non était principalement porté par les opposants. "L’opposition a certes accentué la pression, mais elle n’est pas prête à le renverser", estime Rosa Björk. Pourquoi ? Toute la classe politique islandaise attend actuellement un rapport du parlement qui doit mettre en lumière les responsabilités dans la déroute d’Icesave et certains membres de l’opposition devraient être mis en cause.

 Les Islandais vont-ils se prononcer sur les futurs accords Icesave ?

La question a été posée par les médias islandais et un sondage a même été effectué qui montre que 55% des personnes interrogées ne le souhaitent pas.

 Ce référendum peut-il avoir un impact économique sur l’Islande ?

A priori, il ne s’agit que d’un acte politique dont la conséquence va être la reprise des négociations. Pourtant, un accord risque de ne pas être trouvé avant "la mi-2011", comme l’a suggéré lundi l’agence de notation Moody’s, ce qui "aurait une influence négative sur une éventuelle reprise".