
, journaliste à Monte Carlo Doualiya, pour France 24.com – Le gouvernement de Sana'a fait face à une grogne croissante des Yéménites du Sud, qui estiment faire l'objet de discriminations et ne pas bénéficier d’une aide économique suffisante. Entretien avec Ali Salem al-Biydi, ex-président du Yémen du Sud.
France24.com – Depuis quelques mois, le Conseil de la révolution pacifique sudiste (CRPS) appelle régulièrement les Yéménites du Sud à manifester pour réclamer la sécession de leur région. Pour quelles raisons ?
Ali Salem al-Biydi : Nous souhaitons un détachement du Sud parce que l’unification avec le Nord intervenue en 1990 [le Yémen du Sud était un État indépendant avant 1990, NDLR] s’était faite selon des accords. Or, force est de constater aujourd’hui que Sana’a n’en a pas respecté les termes. Depuis trois ans, les actes d’oppression et de barbarie perpétrés par le régime à l’encontre des populations du Sud se sont multipliés.
Le chef d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, Nasir al-Wuhayshi, a apporté son soutien aux revendications sécessionnistes des Yéménites du Sud. Tarek al-Fadli, le chef du CRPS, a lui été, dans le passé, un proche lieutenant d’Oussama Ben Laden. Ces relations sulfureuses entretenues par le mouvement donnent inévitablement du crédit aux voix qui l’accusent de collusion avec la nébuleuse terroriste…
Nous n'avons rien à voir avec Al-Qaïda, nous n'avons jamais été en contact avec cette organisation. Notre mouvement rejette le terrorisme, qui prospère en revanche dans le nord du pays. Le président Ali Abdallah Saleh utilise Al-Qaïda pour faire peur aux Occidentaux et aux États-Unis.
La crainte des Occidentaux, c’est qu’Al-Qaïda profite de l’instabilité qui prévaut actuellement au Yémen pour s'enraciner dans le sud du pays afin d’en faire l’un de ses bastions, comme en Somalie…
Le Sud n’accueille ni Al-Qaïda, ni aucune organisation terroriste. Le problème vient du Nord. Ici, personne ne sait qui est Nasir al-Wuhayshi. Ce nom n’est connu que des autorités de Sana’a. Al-Fadli, quant à lui, était auparavant membre du parti au pouvoir à Sana’a. Quand il nous a rejoints, il a pris des positions dignes des citoyens du Sud.
Écartez vous totalement le principe de la lutte armée pour parvenir à votre objectif ?
Nous privilégions pour l’instant l'insurrection civile totale. Mais si l'ennemi nous oblige à utiliser d'autres moyens, nous verrons.
Une telle hypothèse reste donc d’actualité…
Je n’ai pas le pouvoir de prendre une telle décision, de la même manière que ce n’est pas moi qui ait initié le CRPS, même si j’ai approuvé sa création et que ses dirigeants m’ont demandé de le représenter à l'étranger. Pour l’heure, nous appelons tous les grands pays à faire pression sur le régime d’Ali Abdallah Saleh et sa bande pour qu’il mette un terme aux atteintes aux droits du peuple du Sud.
Que pensent les pays arabes et occidentaux de votre combat ?
Nous multiplions pour l’instant les contacts, espérant être écoutés plus tard. Nous voulons faire comprendre au monde que notre objectif est d’apporter stabilité et sécurité à toute la région, et de servir de passerelle entre l’Orient et l’Occident.