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Le président Nicolas Sarkozy doit s'entretenir ce dimanche avec le Premier ministre grec Georges Papandréou, qui vient de se rendre à Berlin pour s'assurer du soutien politique de l'Allemagne dans la mise en œuvre de son plan d'austérité budgétaire.

AFP - Les Grecs, confrontés aux mesures d'austérité prises par le gouvernement, restent circonspects sur l'efficacité de ce plan de rigueur qui risque d'entraîner une aggravation de la récession, estiment des analystes.

"Alors que la Grèce est plutôt convaincue de la nécessité de certaines mesures pour l'assainissement de son économie, la question qui se pose maintenant est de savoir si elles vont s'avérer justes et efficaces pour maintenir la cohésion sociale", déclare à l'AFP Thomas Gérakis, analyste politique.

L'adoption du plan de rigueur a déjà entraîné une forte réaction de la part des deux puissantes centrales syndicales, la GSEE et l'Adedy, qui rassemblent les salariés du secteur privé et public respectivement, et qui ont appelé à une grève générale le 11 mars, la deuxième en deux semaines.

Vendredi, une manifestation organisée par les deux syndicats sur la place centrale d'Athènes en face du Parlement, au moment où les mesures de rigueur étaient adoptées en procédure d'urgence, a été marquée par des affrontements entre la gauche radicale et des policiers, après que le président de la GSEE, Yannis Panagopoulos, eut été molesté par des jeunes.

Samedi, des dizaines de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur hostiles au plan de rigueur occupaient le bâtiment de l'imprimerie nationale à Athènes, afin d'empêcher l'impression et la publication au Journal Officiel de la loi sur les mesures d'austérité.

Selon un premier sondage de l'institut Kapa Research, publié samedi dans le quotidien To Vima, les Grecs sont partagés sur l'ensemble des mesures visant à stopper la dérive des finances publiques et économiser 4,8 milliards d'euros. Près de 48% des personnes interrogées "s'opposent" au plan d'austérité alors que 46,6% des sondés sont "d'accord".

Avec un taux de pauvreté de 20% dans le pays et un taux de chômage qui s'élève à plus de 10%, les mesures, qui comprennent des coupes salariales dans la fonction publique, le gel des retraites et la hausse de la TVA de deux points (à 21%), "risquent de plonger encore plus le pays dans la récession", estime l'universitaire et politologue Michalis Spourdalakis.

"Si le plan de rigueur ne s'accompagne pas rapidement d'actes précis visant à tonifier la consommation et la demande, le coût social sera important dans les prochains mois", prévient M. Gérakis.

Selon une recherche sur les petites et moyennes entreprises en Grèce, dont le chiffre d'affaires a été fortement réduit récemment, des milliers de licenciements ont eu lieu ces six derniers mois, et des milliers vont suivre au prochain semestre, ajoute cet analyste.

La presse grecque de samedi mettait également en garde le gouvernement socialiste, au pouvoir depuis octobre dernier, contre la montée du mécontentement social.

"L'enjeu actuel pour le gouvernement est de convaincre que tous ces sacrifices énormes auront un résultat positif et ne resteront pas lettre morte", souligne le journal de gauche Elefthérotypia.

Dans une interview publiée dans l'hebdomadaire économique grec Kosmos tou Ependyti, le Premier ministre Georges Papandréou a assuré les Grecs que "leurs sacrifices auraient des résultats" et qu'il prendrait prochainement des mesures pour "la croissance et l'amélioration de la compétitivité".

Le plan de rigueur prévoit la réduction de l'abyssale dette publique (113% du PIB) et du déficit public (12,7%) pour rétablir la crédibilité du pays vis-à-vis des marchés internationaux et des partenaires européens.

Après avoir obtenu vendredi à Berlin le soutien de la chancelière allemande Angela Merkel, M. Papandréou doit s'entretenir dimanche à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy avant d'être reçu le 9 mars à la Maison Blanche par le président américain Barack Obama.