Au programme des vacances scolaires : entraînement militaire, parcours du combattant... Une formule qui fait fureur en Corée du Sud ! Dans le sud du pays, de plus en plus de familles envoient leurs enfants dans des camps de vacances militaires pour les endurcir. Mais, confrontés à cette vie de soldats, parfois certains craquent... Reportage de nos envoyés spéciaux.
Muju, une petite ville, en plein cœur de la Corée du Sud. 41 enfants, venus des quatre coins du pays, s’y retrouvent pour cinq jours, pendant les vacances scolaires. Ils ne sont pas ici en colonie, mais en camp d’entraînement militaire. Les plus jeunes ont 10 ans, les plus âgés, 18. Les voici coupés du monde : dans ce camp, les téléphones portables et l’accès à Internet sont interdits. L’argent de poche est confisqué à l’entrée. Impossible, donc, de s’offrir quelques sucreries pour agrémenter le menu basique servi à la cantine.
Rien ne doit distraire les enfants de leur entraînement. Le rythme est soutenu : réveil à l’aube, séries de pompes torse nu et à jeun dans le froid, immersion dans l’eau glacée de la rivière, saut en rappel… Le tout sous l’œil de cinq instructeurs, anciens conscrits du corps des marines.
Pour les enfants, c’est un choc. Certains s’effondrent en larmes, mais c’est exactement le but poursuivi par ces séjours : leur enseigner le dépassement de soi, la discipline et le travail d’équipe.
En Corée du Sud, pays marqué par une forte culture militaire, beaucoup considèrent que la jeune génération, qui n’a connu ni les privations de l’après-guerre, ni les difficultés économiques, est trop protégée et doit s’endurcir.
Au quotidien, en effet, les enfants sont particulièrement choyés par leurs mères, qui les soulagent ainsi du mieux qu’elles peuvent de la forte pression scolaire à laquelle ils sont soumis dès leur plus jeune âge. En Corée du Sud, le baccalauréat n’est pas un examen, mais un concours où les notes obtenues déterminent l’entrée dans des meilleures universités du pays. Il est donc très fréquent que les enfants suivent des cours du soir dès l’école primaire. Le rythme est éreintant et laisse peu de place au sport et à la vie en communauté.
Les parents n’hésitent donc pas à dépenser 300 euros - une coquette somme pour une famille issue de la classe moyenne - pour envoyer leurs enfants dans ces camps.
Le Camp de stratégie des marines de Muju est l’un des nombreux du genre dans le sud de la péninsule. En 2009, il a accueilli 5 000 enfants et sa fréquentation augmente de 10 % par an. Son directeur envisage d’exporter le concept en Chine et au Japon, et même en Europe.