La redistribution des médicaments non utilisés mais encore utilisable à des organisations humanitaires va cesser à la suite de carences dans ce mécanisme. Les médicaments déposés dans les pharmacies seront désormais incinérés.
AFP - La redistribution à des organisations humanitaires des médicaments non utilisés mais encore utilisables cessera comme prévu au 31 décembre, à la suite de carences mises au jour dans ce mécanisme, et tous les médicaments déposés dans les pharmacies seront désormais incinérés.
Pour satisfaire à la loi imposant aux fabricants de contribuer à l'élimination des déchets d'emballage, l'industrie pharmaceutique avait choisi en 1993 de mettre en place son propre système, Cyclamed. Les gens étaient -et sont toujours- incités à rapporter dans les pharmacies tous les médicaments non utilisés (MNU), périmés ou non.
Jusqu'à maintenant, les médicaments non périmés étaient mis à la disposition des partenaires humanitaires, ce qui, selon Cyclamed, concernait seulement 2% des MNU collectés. Les autres étaient incinérés.
Le système a cependant connu des aléas : détournements de médicaments par des pharmaciens peu scrupuleux qui les revendaient, inadaptation des médicaments récupérés aux besoins des populations du sud, notices incompréhensibles par des non-francophones, déstabilisation des marchés locaux...
En outre Cyclamed ne récupére qu'une petite partie des MNU dont la plupart rejoignent des poubelles ordinaires -et sont donc à la charge des collectivités locales.
A partir du 1er janvier, sur décision du Parlement en 2007, les médicaments ne pourront plus être distribués et tous feront l'objet d'une "valorisation énergétique". Ils seront incinérés dans des unités récupérant l'énergie et "équipées de traitements de fumées conformes à la règlementation", précise Cyclamed.
Pour aider les organisations humanitaires privées de MNU, une procédure a été mise en place par les responsables de la santé, qui veut "accompagner les principales associations vers de nouvelles sources d’approvisionnement en médicaments pérennes, rationalisées, mieux adaptées et sécurisées".
Elle est constituée de deux volets, selon que les médicaments allaient à des populations démunies de France ou à l'étranger.
Concernant les associations travaillant sur la France, le principe d’un financement d'Etat de l’approvisionnement a été arrêté. L'association Pharmacie Humanitaire Internationale achètera des médicaments neufs et jouera le rôle de fournisseur pour les autres associations.
"Le travail sera basé sur une rationalisation à partir d'une liste restreinte de médicaments qui correspondent vraiment aux besoins", se réjouit Valérie Solbès, pharmacienne de Médecins du monde, qui n'utilise les MNU que pour la France. "Il n'y aura pas de tri à faire, les médicaments seront 100% utiles", dit-elle.
Pour les associations qui travaillent sur l'étranger, le ministère des Affaires étrangères prévoit un système de "demandes de subventions pour des projets comportant une composante +dons de médicaments+".
L'Ordre de Malte, qui distribue des médicaments dans des pays du sud en fonction de demandes et non sur projet, s'estime donc contraint de trouver de lui-même "de nouveaux financements".
Début décembre, il avait regretté "la chaîne brisée de la solidarité" et lancé une pétition "pour un million de vies" -à peu près le nombre de personnes qu'il dit aider chaque année avec des MNU.
Des écologistes craignent enfin que l'incinération de tous les MNU incite encore moins les particuliers à les déposer dans les pharmacies. Ils prônent à cet égard un système de distribution plus économe, avec fourniture au patient du nombre exact d'unités de médicament nécessaires au traitement, évitant ainsi le problème des déchets.