
Les arrestations récentes de plusieurs chefs talibans afghans et pakistanais montrent une fois de plus que les militants sont omniprésents dans la plus grande ville du Pakistan.
"Je m’appelle Abdullah, on me surnomme Abu Waqas". L’homme est enchaîné, le visage masqué, face aux caméras de télévision pakistanaises. Il a été arrêté il y a quelques jours par la police de Karachi, qui le présente comme un chef taliban chargé de former et recruter des femmes-kamikazes.
Impossible de savoir précisément où et comment le "commandant Abdullah" a été capturé, ce n’est pas l’objectif du "show" médiatique offert à la presse par la police pakistanaise. Mais cette arrestation intervient une semaine après celle du Mollah Baradar, le n°2 des Taliban afghans, dans la même ville de Karachi :
Deux nouvelles preuves de la présence de militants islamistes dans la plus grande ville du Pakistan.
Pour le professeur Ahmed Mutahir de l’Université de Karachi, cette présence talibane s’explique à la fois par la taille -20 millions d’habitants, pour seulement 30 000 policiers – et la composition ethnique de la ville : "Il existe à Karachi des quartiers dominés par la communauté pachtoune, à laquelle appartiennent la quasi-totalité des taliban, et il est très facile pour les combattants de ce cacher dans ces refuges sûrs".
Des refuges comme Sohrab Goth, le bastion historique des Pachtouns de Karachi ; un quartier réputé dangereux où même la police hésite à s’aventurer, et qui dit-on aurait hébergé un certain Mollah Omar… Mais à Sohrab Goth, la loi du silence règne et la population nie catégoriquement la présence de Taliban en son sein.
Les habitants du quartier voisin de Baldia Town, eux, ne peuvent en revanche plus contester l’évidence. Le 8 janvier dernier, beaucoup ont été réveillé à 8h du matin par une puissante explosion. La maison soufflée par l’explosion était une cache d’armes ; et les victimes, des Taliban venus du nord-ouest du pays, tués par les ceintures d’explosifs qu’ils étaient en train de fabriquer…
Emission préparée par Kate Williams, Marie Billon et Patrick Lovett