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Balade au petit paradis sud-africain des Bleus

envoyé spécial à Knysna (Afrique du Sud) – Résidence de rêve bordée d'une nature luxuriante et protégée par une multitude de check-points, l'hôtel cinq étoiles World of Pezula hébergera l'équipe de France et son staff durant le Mondial. Petit tour du propriétaire...

A la sortie de Knysna, on aperçoit en bord de route un stade tout bête, une tribune de 150 places comme on en trouverait dans une petite bourgade française, accessible à tous sauf quand le gardien de barrière vous affirme qu’il a "pour ordre de ne laisser entrer personne."

Le stade est un chantier : pas l’ombre d’un brin d’herbe, la terre est entièrement retournée et plantée de piquets. "On est parfaitement dans les temps, explique Dan, le chef du chantier. Tout sera prêt pour l’arrivée de l’équipe." Quelle équipe ? Celle du Danemark, qui semble toute prête à exposer ses entraînements à la curiosité des habitants et des touristes du cru. Et les Français ? "On sort d’une réunion avec eux, ils sont tout à fait satisfaits." Dan n’en dira pas plus, il fait rugir le moteur de son pick-up pour courir à d’autres rendez-vous.

Un décor de rêve un brin surfait

Le décor : Knysna, station balnéaire un peu ensommeillée en cette fin d’été austral, au bord de l’océan indien. Knysna, son estuaire, son festival des huîtres, sa réserve d’éléphants, ses trois terrains de golf, un site superbe, peut-être un peu surfait, qui figure depuis l’an dernier au Top 100 des meilleures destinations touristiques au monde.

C’est dans ce petit paradis que les 23 joureurs de Raymond Domenech vont trouver refuge. Check-in : le 6 juin, 5 jours avant le début de la compétition. Check-out : dans le meilleur des cas le lundi 12 juillet, au lendemain de la finale, si les dieux du football le veulent bien... A Knysna, on est impatient d’accueillir les Bleus. Alors que nous cherchons des chambres pour la Coupe du monde, tous les managers d’hôtel nous demandent : "Et alors, ils vont aller jusqu’où, les Bleus ?" "Je meurs d’envie de les voir", nous confie une serveuse du Pezula, qui voit déjà Thierry Henry s’asseoir sur sa terrasse.

Le Pezula, hôtel cinq étoiles dans un écrin de verdure de 1 000 hectares à la pointe sud de Knysna. "Prière de ne pas donner à manger aux babouins", prévient une pancarte à l’entrée. Luxe absolu et calme garanti. "Notre hôtel est idéal pour une équipe de foot, commente son directeur Claus Martin. 78 chambres, c’est juste le nombre nécessaire pour que la FFF occupe tout."

Camp retranché et verrouillé

A l’arrivée des joueurs, le Pezula se transformera en camp retranché. "La route d’accès est publique, poursuit Claus Martin, mais comme c’est une impasse, la mairie va la bloquer à la circulation." Pas moyen d’approcher à moins d’un kilomètre si on n’y est pas invité.

Très cordial, Claus nous fait le tour du propriétaire : "Comme ces garçons qui ont l’habitude d’une grande liberté vont être cloîtrés ici pendant au moins 3 semaines, il faut leur offrir la plus large palette de services possible." Ce qui prend vite l’allure d’un catalogue : VTT, canoë, tennis, ballades à cheval. L’océan indien, qui se déferle en épais rouleaux sur la plage du domaine, en contrebas de majestueuses falaises, sera un peu frais au mois de juin, au cœur de l’hiver austral. Mais les joueurs pourront se consoler avec une salle de gym suréquipée, les multiples saunas et jacuzzis, neuf salles de massage, un golf de 18 trous dont les voiturettes sont toutes équipées d’un GPS. Même un terrain de pétanque ! Et tout ça parfaitement à l’abri des curieux…

Le terrain d’entraînement ? Là, c’est le clou. Il se trouve tout au bout du domaine, après avoir passé trois check-points, dans une cuvette nichée dans une épaisse forêt, joliment baptisée "Field of Dreams". Un terrain autrefois voué au cricket s’étale à nos pieds : "On est en train de le refaire entièrement. Il faut qu’il ait exactement la même texture que les terrains sur lesquels l’équipe va jouer. Même gazon, même proportion de sable, même densité. Le staff français l’a visité ce matin et ils sont très contents de l’avancement des travaux."

Circulez, il n’y a rien à voir

Et le public ? Les plans ne sont pas encore finalisés, mais on évoque une séance d’entraînement ouverte au public, et deux à la presse. Sur trois semaines, c’est un peu maigre. Comment vont faire les paparazzis pour savoir si la cheville de Gourcuff ou les ischio-jambiers de Silvestre sont bien remis ? "Ne rêvez pas de monter sur les arbres, s’amuse Claus, la forêt est pleine de babouins et de serpents !" On se consolera en allant voir les Danois…

La sélection danoise était venue visiter le Pezula mais un peu trop tard, les Français l’avaient déjà préempté. Les Anglais en revanche étaient passés avant. Mais c’est l’altitude qui les avait rebutés : Fabio Capello ne voulait pas que ses hommes s’entraînent au niveau de la mer, alors qu’ils vont jouer dans des stades à 1 200 mètres d’altitude. Ce qui sera aussi le cas des Bleus s’ils accèdent aux huitièmes de finale. " Si on y passe moins de 48 heures, cela n’a aucun effet", nous rassure un technicien de la FFF.

Le team France devra faire un trajet de près d’une heure en bus pour pouvoir décoller de l’aéroport de Georges vers les quatre stades où se dérouleront les matchs de poule. A tout hasard, à notre arrivée dans ce même aéroport, on avait pris le numéro d’un service d’hélicoptères. Mais le très suave Claus Martin précède nos pensées : "N’imaginez pas que vous allez pouvoir survoler le domaine !" Pendant toute la durée de la Coupe, l’espace aérien au dessus du "World of Pezula" est totalement fermé à toute forme de trafic aérien.