
Ne pas travailler et ne pas consommer durant la journée du 1er mars. Ou comment "s’absenter" pour mieux prouver que l’on est indispensable. Tel est le pari du collectif pour une Journée sans immigrés, dont l’appel est largement relayé sur Internet.
Le projet d’une Journée sans immigrés a été lancé à l’automne 2009, après la polémique sur les propos du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, à l'encontre d'un jeune militant UMP auvergnat d'origine arabe. En appelant les immigrés à se rendre "invisibles" le 1er mars – cinq ans jour pour jour après l’entrée en vigueur du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (loi CESEDA) –, les organisateurs souhaitent souligner l’importance de leur présence au sein de la société française.
"Notre seule revendication est le respect et la dignité, explique Nadia Lamarkbi, présidente du collectif. Ces mots font parfois rire, car ils ont perdu leur sens, mais en réalité, c’est sérieux ! On demande simplement à ce que l’on réfléchisse différemment à l’immigration, en termes positifs, en termes d’apports. Nous n'allons pas changer les choses et détruire les clichés liés à l'immigration en un jour, mais nous espérons amorcer une dynamique, changer le regard des gens sur les immigrés."
Mobilisation sur le Net
Immigrés mais aussi non immigrés, militants et non militants… Les organisateurs appellent l’ensemble des citoyens à cesser de travailler ou de consommer pendant 24 heures. "Participons à la non activité économique dans les entreprises, les associations, la fonction publique, les écoles et les lycées, les hôpitaux, les commerces, l’industrie, les services, les médias, la politique…", indique le manifeste du collectif. Des rassemblements sont aussi prévus en milieu de journée dans différentes villes de France.
Une telle journée a déjà été organisée aux Etats-Unis, le 1er mai 2006, où plusieurs centaines de milliers de personnes avaient alors défilé. A l’appel de la communauté hispanique, les immigrés avaient aussi boycotté la vie économique, paralysant en partie la Californie.
Ce précédent augure-t-il d’une mobilisation d’une telle ampleur en France ? Sur la Toile, le message en tout cas passe. Le groupe Facebook compte plus de 65 000 inscrits et l'appel est régulièrement relayé sur Twitter, sur des sites et des blogs militants ou associatifs. Des vidéos sont également disponibles sur YouTube et DailyMotion.
"La France n’a pas de problème d’identité"
Sur le terrain, une trentaine de comités locaux ont vu le jour, relayant l’appel de la Journée sans immigrés. L’Espagne, l’Italie et la Grèce ont en outre rejoint le mouvement, et une délégation allemande fera le déplacement le 1er mars. Le collectif a également obtenu le soutien de très nombreux organismes, tels que la Cimade, le réseau Éducation sans frontières, la Ligue des droits de l’Homme ou encore le syndicat CFDT, qui propose aux personnes qui ne pourront pas cesser le travail ce jour là d’arborer un ruban jaune marquant leur solidarité.
"De nombreuses personnes nous ont dit qu’elles allaient prendre une journée de congé ou de RTT le 1er mars, assure Sonja Von Rodziewitz, responsable du comité de Toulouse. Beaucoup sont aussi prêtes à ne pas ouvrir leur porte-monnaie ce jour-là, c’est moins compliqué que de ne pas aller travailler. Et nous avons fait passer l’information dans les quartiers, tout le monde est très partant."
Le collectif des sans-papiers 75 se joindra également au mouvement. "Aujourd’hui, le gouvernement a tendance à lier l’immigration à l’identité nationale, alors que la France n’a pas de problème d’identité, nous ne sommes plus dans les années 30, assure Anzoumane Sissoko, l’un des porte-parole. La journée du 1er mars est d’autant plus importante dans ce contexte. Il va se passer quelque chose…"
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