Le choix de Michel Charasse, ex-figure emblématique du Parti socialiste (PS) avant d’en être exclu en 2008, fait moins jaser le camp de la majorité que celui de Didier Migaud. "La nomination de Michel Charasse est avant toute chose celle d’un fidèle serviteur de la cause publique, affirme à France24.com le député UMP des Yvelines Jacques Myard. La polémique sur l’ouverture à gauche est malvenue dans son cas." Même son de cloche du côté d’Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, qui juge la désignation du sénateur du Puy-de-Dôme "intelligente" et "conforme aux usages et aux règles traditionnelles".
- Le Conseil constitutionnel, présidé par le chiraquien Jean-Louis Debré, veille à la régularité des principales élections et référendums et se prononce sur la conformité à la Constitution des lois et de certains règlements.
- La Cour des comptes assiste le Parlement dans le contrôle de l'action du gouvernement. Elle épaule également le Parlement et le gouvernement dans le contrôle de l'exécution des lois de finances et de l'application des lois de financement de la sécurité sociale ainsi que dans l'évaluation des politiques publiques.
À l’inverse, la nomination de cet ancien ponte du mitterrandisme, décrit comme "sarko-compatible" par les médias, fait grincer des dents du côté du PS. "Le concept d’ouverture est une fumisterie. En aucun cas Michel Charasse, qui a été exclu du PS, ne peut être considéré comme un homme de gauche, déclare à France24.com le député socialiste de l'Eure, François Loncle. Il n’y a donc plus aucun membre de l’opposition au Conseil constitutionnel, c’est une anomalie parfaitement anti-démocratique. Tous les présidents de la République avaient jusqu’ici respecté un certain équilibre", déplore-t-il.
"Nos électeurs vont finir par voter à gauche"
Saluée à gauche, la désignation de Didier Migaud à la tête de la Cour des comptes est celle qui a provoquée le plus de remous à droite. "Trop c'est trop ! Il faut désormais avoir sa carte au PS pour obtenir des responsabilités dans la République", s'est indigné Christian Vanneste, député UMP du Nord. Hervé Mariton, qui affirme pourtant être "favorable à l’ouverture", pense que le député socialiste "n’a pas démérité" comme président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. "Mais, quelles que soient les qualités de l’homme, je regrette que la nomination d’un chef de juridiction soit perçue comme politique. Elle ne doit être marquée ni du sceau de l’ouverture, ni de celui de la fermeture", regrette le député villepiniste.
À trois semaines des élections régionales, le concept d’ouverture appliqué par l’Élysée irrite toujours autant la gauche qu’une partie de la majorité, qui craint qu'elle n'ait un effet négatif sur ses électeurs. "L'exemple vient d'en haut et, à force de s'habituer aux nominations d'hommes politiques de gauche, nos électeurs vont finir par voter à gauche", a déclaré Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, à l’AFP. Une pratique à risques car "il est clair que la base des électeurs de droite peut se demander à quoi on joue en nommant des hommes de gauche à des postes clés, il faut en être conscient", reconnaît Jacques Myard.