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Les putschistes s’installent au pouvoir

Au lendemain du coup d’État militaire qui a renversé Mamadou Tandja, la situation est calme à Niamey. L'opposition appelle à une grande manifestation de soutien à la junte samedi.

La situation est calme à Niamey au lendemain d’un coup d’État qui a renversé le président nigérien Mamadou Tandja. "Pour les Nigériens, la vie continue comme avant. Tout est ouvert – marchés, boutiques, pompes à essence – et les habitants sont partis travailler ce matin comme d’habitude. Seuls les expats [expatriés] restent chez eux et les bureaux de l’ONU sont fermés", affirme l’Observateur de FRANCE 24 à Niamey, Alessandro Siclari.

Une accalmie également constatée par le journaliste indépendant Boubacar Diallo qui affirme sur FRANCE 24 que la nuit a été "très calme" et qu’aujourd’hui, "la population vaque à ses occupations”.

Condamnation de l’Union africaine et de la France

La situation politique est, elle, toujours aussi confuse, ce vendredi, au Niger. Le porte-parole des rebelles, le colonel Goukoye Abdoulkarim, a annoncé la veille la suspension de la Constitution et des institutions. Le militaire a également affirmé, dans une allocution télévisée, que le pays était désormais dirigé par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD).

Un membre de la junte affirme que le président déchu Mamadou Tandja "se porte très bien" et qu’il est "retenu dans un bâtiment militaire". "On ne connaît pas avec précision le lieu de sa détention mais selon plusieurs sources concordantes, le président serait dans une caserne en dehors de Niamey", selon Boubacar Diallo.

Un communiqué du CSRD indique que la junte s’est désormais dotée d’un président. Il s’agit du commandant de la compagnie d’appui de la capitale nigérienne, Salou Djibo, qui dispose de blindés et d’armements lourds. Vendredi, le porte-parole du Conseil militaire a annoncé la levée du couvre-feu et la réouverture des frontières terrestres et aériennes du Niger, fermées depuis le coup d’Etat. Il a également indiqué que certains ministres, toujours retenus dans l’enceinte du palais présidentiel depuis jeudi, allaient être relâchés "incessamment".

L'Union africaine (UA) a décidé de suspendre le Niger. L'organisation condamne la prise de pouvoir "par la force" au Niger et demande un "retour rapide à l'ordre constitutionnel".  De son côté, la France condamne, elle aussi, le coup d’État et invite "tous les acteurs, y compris les forces armées, à trouver par le dialogue et dans les meilleurs délais une solution à la crise constitutionnelle".

Aucun bilan officiel n’a, pour l'instant, été communiqué mais une source médicale faisait état, jeudi, d’au moins trois ou quatre soldats tués et d’une dizaine de militaires blessés.

Crise constitutionnelle

Le Niger est confronté à une crise politique majeure depuis une réforme constitutionnelle, passée en août dernier, qui a permis à Mamadou Tandja de se maintenir au pouvoir à l’issue de son deuxième mandat présidentiel. À la tête du pays depuis 1999, celui-ci a passé outre les recommandations de la Cour constitutionnelle, qui avait censuré cette réforme, en remplaçant tous ses membres par des proches.

"Les gens sont contents parce qu’ils [les putshistes] ont mis un terme à un débat inutile qui met le Niger en retard depuis neuf mois", assure Boubacar Diallo. Depuis août dernier et la réforme constitutionnelle, le président s’était mis à dos une bonne partie de la population, constate également Alessandro Siclari, qui a regardé l’allocution télévisée de la junte dans une rue de Niamey. "Il y avait une vingtaine de Nigériens avec moi, qui avaient l’air plutôt satisfaits. Ils sont confiants que la junte apportera une transition démocratique".

Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du Sahel malgré d’importantes réserves d’uranium, qui lui ont permis de signer des contrats de plusieurs milliards de dollars avec les plus grands groupes mondiaux, notamment le Français Areva et le Canadien Cameco.

Les leaders du coup d'État
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