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Shutdown aux États-Unis : la paralysie budgétaire va provoquer l'annulation de milliers de vols
À partir de vendredi, le gouvernement américain va réclamer la suppression de vols aux compagnies aériennes afin d'alléger la pression sur les contrôleurs aériens, qui ne sont plus payés en raison du shutdown, ce qui provoque une vague d'absentéisme. La capacité de vols sera ainsi réduite de 10 % dans une quarantaine d'aéroports du pays.
La liste des départs de l'aéroport Ronald Reagan à Washington, le 4 novembre 2025. © Alex Brandon, AP

Des milliers de vols vont être annulés aux États-Unis le week-end prochain en raison du blocage budgétaire qui s'éternise et dépeuple les rangs des contrôleurs aériens, renforçant la pression sur le monde politique. 

Le gouvernement américain a annoncé mercredi 5 novembre qu'il allait demander aux compagnies aériennes de supprimer des vols à compter de vendredi pour "réduire la pression" sur le contrôle aérien, confronté à davantage d'absentéisme en raison du shutdown.

"Nous allons réduire les capacités" de vols "de 10 % dans 40" aéroports, parmi les plus fréquentés du pays, a déclaré en conférence de presse le ministre des Transports Sean Duffy.  "Il nous manque 2 000 contrôleurs aériens", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il fallait "réduire la pression" en diminuant le nombre de vols à superviser pour les équipes.

Les États-Unis sont entrés mercredi dans leur 36e jour de blocage budgétaire, battant ainsi le record du plus long "shutdown" de l'histoire du pays. Républicains et démocrates sont incapables, depuis le 1er octobre, de s'entendre pour adopter un nouveau budget.

Week-end propice aux voyages

Résultat : des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux sont au chômage technique tandis que des centaines de milliers d'autres sont forcés de continuer à travailler. Ils ne reçoivent pas de paie jusqu'à la fin de la crise. Plus de 60 000 contrôleurs aériens et agents de la sécurité des transports sont dans le deuxième cas de figure. Et plutôt que de travailler sans salaire pendant plusieurs semaines, certains ne se présentent pas à leur poste. 

L'annonce par les autorités de la suppression d'un nombre important de vols intervient avant un week-end propice aux voyages aériens, mardi 11 novembre étant férié aux États-Unis. Elle risque de renforcer l'impopularité du "shutdown" dans l'opinion publique, au lendemain de plusieurs élections clés, où l'opposition démocrate a signé de larges victoires.

L'enlisement se faisait déjà sentir ces derniers temps dans les aéroports, le manque de contrôleurs aériens entraînant retards et annulations de vols.  Le ministre Duffy avait mis en garde mardi contre les risques de "chaos" : "Vous nous verrez peut-être fermer certaines parties de l'espace aérien, simplement parce que nous ne pourrons pas le gérer, faute de contrôleurs aériens", avait-il déclaré, rejetant la faute sur les démocrates.

"Situation très inhabituelle"

"Nous allons demander aux compagnies aériennes de travailler avec nous pour réduire leurs plans de vol", a précisé mercredi le patron du régulateur aérien FAA, Bryan Bedford. Il s'agit d'"éviter que la situation ne se dégrade", a-t-il ajouté au côté du ministre.  "Le système est extrêmement sûr aujourd'hui, il le sera demain. Et si la pression continue d'augmenter, même après avoir pris ces mesures, nous reviendrons et prendrons des mesures supplémentaires."

Bryan Bedford a dit ne pas se souvenir qu'une telle réduction ait déjà été décrétée "pendant (s)es 35 ans de carrière dans le secteur aérien". "C'est une situation très inhabituelle. Nos contrôleurs n'ont pas été payés depuis un mois. Nous avons hâte de pouvoir travailler normalement à nouveau". "Les contrôleurs qui continuent à venir font des heures supplémentaires, travaillent plus de jours (...) et nous voulons réduire cette pression (sur eux, NDLR) avant que cela ne devienne un problème", a poursuivi Bryan Bedford.

En moyenne, 44 000 vols sont supervisés par la FAA chaque jour, selon son site internet.  

Avec AFP