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Lundi, les ministres des Finances de la zone euro ont donné 30 jours à la Grèce et à son Premier ministre Georges Papandréou (photo) pour convaincre de l'efficacité de son plan de réduction du déficit.

AFP - Les ministres des Finances de la zone euro ont mis la pression lundi sur la Grèce pour qu'elle réduise son déficit, si nécessaire en adoptant des mesures supplémentaires le mois prochain, tout en lançant un clair avertissement aux "voraces" marchés financiers.

"Nous sommes convaincus que le plan grec est ambitieux et conduira à de bons résultats. Mais si tel n'est pas le cas, le gouvernement grec s'est déclaré d'accord pour prendre des mesures complémentaires", a annoncé le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une réunion à Bruxelles.

Le message envoyé par les grands argentiers est simple: si "d'ici le 16 mars", date prévue pour un premier bilan d'étape, "il devait s'avérer" que "les mesures déjà annoncées (par Athènes) sont insuffisantes" pour "atteindre les objectifs annoncés", à savoir une baisse du déficit grec de l'ordre de 4% du Produit intérieur brut en 2010, alors la Grèce "s'est engagée à proposer de nouvelles mesures", a expliqué M. Juncker.

Ces nouvelles mesures "pourraient se concentrer sur des coupes dans les dépenses" mais "également inclure des mesures pour augmenter les recettes, comme par exemple des hausses de TVA et des taxes supplémentaires sur les produits de luxe", a-t-il détaillé.

La Grèce a promis de réduire son déficit public de 12,7% du PIB en 2009 à 8,7% en 2010 et moins de 3% en 2012. Elle a annoncé pour cela un vaste programme d'économies, qui sera mis en place sous le contrôle de la Commission.

Mais certaines voix se sont élevées pour réclamer des mesures additionnelles.

"Les risques (...) se matérialisent et c'est pourquoi il y a clairement besoin de mesures additionnelles", a déclaré lundi après-midi le nouveau commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Le ministre des Finances grec Georges Papaconstantinou s'était cependant déclaré opposé à annoncer de nouvelles mesures d'économies avant mi-mars, réclamant plutôt un soutien "plus explicite" des Européens à la Grèce.

Les ministres des Finances ont réaffirmé lundi le soutien politique à la Grèce manifesté la semaine dernière par les dirigeants européens qui avaient promis de mener si besoin des actions "coordonnées" pour aider les Grecs, mais sans annoncer aucune mesure concrète de soutien financier.

Les marchés attendaient lundi des détails sur ce plan d'aide, que les ministres des Finances n'ont pas voulu donner.

"Nous n'avons pas voulu nous exprimer aujourd'hui publiquement sur les mesures que nous mettrons en branle", a souligné M. Juncker, car "nous ne pensons pas qu'il serait sage de discuter publiquement des instruments".

"Mais si instruments il doit y avoir (...), instruments nous aurons", a-t-il ajouté.

"Plusieurs routes sont envisageables", s'est pour sa part contentée de dire la ministre française des Finances Christine Lagarde.

Interrogé pour savoir si les marchés n'allaient pas réagir négativement à cette absence de détails, M. Juncker a vivement critiqué leur "voracité", et les a mis en garde.

"Les marchés financiers se trompent lourdement s'ils pensent qu'ils peuvent mettre en pièces la Grèce", a indiqué le Luxembourgeois.

"Personnellement, je crois que les marchés ont tort de continuer à attaquer la Grèce car elle s'est engagée à prendre toutes les mesures qu'elle-même et que nous-mêmes nous jugeons nécessaires", a-t-il encore dit.