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Malgré la polémique, "Le baiser de la Lune" verra le jour

Réalisateur du film "Le baiser de la Lune" expliquant l'homosexualité aux enfants, Sébastien Watel confirme son intention de mener le projet à son terme, en dépit de la récente polémique déclenchée par des propos du ministre de l'Éducation nationale.

"La polémique n'a fait que renforcer ma détermination à aller jusqu'au bout." Bien qu'il reste perplexe et affirme toujours être "étonné par l'ampleur" de la polémique déclenchée par "Le baiser de la Lune", un film expliquant l'homosexualité aux enfants, Sébastien Watel, son réalisateur, entend bien mener le projet à son terme. 

Au début du mois de février, alors que le film n'est pas encore achevé, le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, avait jugé qu'il "n’avait pas vocation à être projeté en primaire", provoquant un tollé parmi les associations de lutte contre l’homophobie, mais aussi au sein de l’opposition et des syndicats d’enseignants...

Une décision "choquante"

Financé à hauteur de 3 000 euros par le Haut-commissariat à la Jeunesse, le court-métrage devait initialement servir, en effet, à "sensibiliser les élèves [de CM1 et de CM2] à l’homophobie, qui survient plutôt au moment de l’adolescence".

Dans cette perspective, le film met en scène une chatte, "la vieille Agathe", qui ne croit qu’en l’amour des contes de fées entre princes et princesses, et deux poissons, Félix, un poisson-chat, et Léon, un poisson-Lune, dont les sentiments qu'ils nourrissent l'un pour l'autre vont lui ouvrir les yeux.

 S'insurgeant contre une décision "choquante", le Collectif éducation, composé de plusieurs fédérations syndicales enseignantes, de parents d'élèves et d’étudiants, a, en début de semaine, "appelé solennellement le ministre à revenir sur ses déclarations".

"Ce que nous voulons avant tout, c’est que le ministre fasse confiance aux instituteurs quant à la manière dont ils vont aborder la question", explique à FRANCE 24 Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU.

"Nous estimons en effet qu’il s’agit d’un débat de société sur des pratiques de vie différentes auquel il est normal que l’école participe, en cherchant à réduire les risques de discrimination", poursuit celui-ci.

Un film "hétérophobe" ?

Un rôle revendiqué par l'école que contestent, précisément, les détracteurs du film, issus aussi bien des milieux associatifs que politiques.

Constitué de 71 associations spécialisées dans la protection de l’enfance, le Collectif pour l’enfant s'oppose, notamment, à la diffusion du "Baiser de la Lune" dans les écoles primaires, expliquant que, à ce niveau, les enfants sont trop jeunes pour saisir l'enjeu du débat.

Pour Béatrice Bourges, la porte-parole du Collectif pour l'enfant contactée par FRANCE 24, "parler de la sexualité ou de l’homosexualité est [par ailleurs] une prérogative qui appartient aux parents. Surtout, le film peut semer la confusion dans la tête des enfants par son caractère 'hétérophobe'. Il tourne en dérision les relations hétérosexuelles et les qualifie d'archaïques", s’indigne-t-elle.

"L’école ne doit pourtant pas ignorer ces questions, rétorque Gilles Moindrot en conclusion, car il est inévitable que les enfants aient un jour un camarade ayant deux parents du même sexe et qu'ils se posent alors des questions."