
Les joueurs ivoiriens célèbrent leur victoire lors de la finale de CAN face au Nigeria au stade olympique d'Ebimpe à Abidjan, le 11 février 2024. © Sunday Alamba, AP
Le 11 février 2024 au soir, la Côte d’Ivoire exulte : les Éléphants remportent face au Nigeria (victoire 2-1) la Coupe d’Afrique des nations organisée dans leur pays au terme d’un parcours épique. Proches d’une élimination dès la phase de groupes, les Ivoiriens ont finalement renversé des montagnes pour décrocher un troisième titre - après 1992 et 2015.
Mercredi 24 décembre, c’est une autre histoire qui démarre pour la Côte d’Ivoire avec son entrée en lice dans la CAN 2025 organisée au Maroc. Pour ce premier match du groupe F, les Éléphants affrontent le Mozambique à Marrakech. Et ils abordent ce début de compétition dans les meilleures dispositions, selon notre consultant Hervé Kouamouo.
"La Côte d'Ivoire arrive assez confiante, c'est une équipe certaine de ses forces qui a terminé sa campagne de qualification pour le Mondial 2026 sans encaisser le moindre but", explique le spécialiste du football africain. "Elle s’est qualifiée facilement pour le Mondial et pour la CAN, et elle a su se renouveler par rapport à l'effectif qui a été champion d'Afrique, avec un staff qui est resté en place et avec plus de variété sur le plan offensif."
L’affaire Pépé et la blessure de dernière minute de Haller
Pas d’ombre au tableau en apparence… jusqu’à la sortie récente de Nicolas Pépé sur Alban Lafont. L’attaquant ivoirien (50 sélections et 11 buts au compteur) n’a finalement pas été retenu dans le groupe pour la CAN après son chambrage d’Alban Lafont - le gardien binational, en discussion avec le Burkina Faso, a finalement choisi les Éléphants comme sélection.
"Il est Burkinabé, mais il a choisi la Côte d’Ivoire. On le charrie sur ça, mais ce n’est pas un souci. Ça s’arrête là. Il n’est pas Ivoirien (rires). Mais il a le passeport (rires)", a notamment déclaré Nicolas Pépé au youtubeur Just Riadh. Des propos qui n’ont visiblement pas plu à Emerse Faé.
Tout en expliquant que l’absence du joueur "n’est pas une sanction sportive", le sélectionneur ivoirien a précisé : "Si on s'en tenait au volet sportif, il serait bien évidemment avec nous. Il était dans la case des performances, après, pour faire une liste, il faut tenir compte de beaucoup d'éléments, que ce soit sur ou en dehors du terrain."
Pour Hervé Kouamouo, l’absence de Nicolas Pépé à la CAN "est un vrai problème pour la Côte d’Ivoire", auquel s’ajoute la blessure de dernière minute de Sébastien Haller. Déjà blessé mais sélectionné lors de la dernière Coupe d’Afrique, où il avait été décisif - buteur en demie et en finale -, l’attaquant ne fait cette fois pas partie du groupe présent au Maroc.
"Cette blessure est une vraie difficulté pour les Éléphants parce qu’il n’y a pas d'autres joueurs dans son style capables à la fois de garder le ballon quand le bloc en a besoin et de jouer de la tête en déviation", note Hervé Kouamouo. "Mais la Côte d’Ivoire a d'autres profils qui prennent plus la profondeur. Donc dans l'ensemble, malgré ces difficultés, leur effectif reste d'un bon niveau."
"Un amalgame entre les jeunes et les anciens"
Sans Nicolas Pépé et Sébastien Haller, les Éléphants ont tout de même un groupe compétitif pour cette Coupe d’Afrique. Dans la liste dévoilée par Emerse Faé le 9 décembre, des joueurs expérimentés - tels que Seko Fofana, Franck Kessié, Evan Ndicka ou Wilfried Zaha - côtoient de jeunes talents comme Guéla Doué ou Yan Diomandé.
"C'est un effectif qui a su faire un amalgame entre les jeunes et les anciens", analyse Hervé Kouamouo. "Par ailleurs, le fait qu’Emerse Faé ait rappelé Jean-Michael Séri, c'est justement pour que ce groupe ait des leaders de vestiaire. Il y a une vraie volonté de créer un groupe équilibré, avec des relais pour le sélectionneur."
Le rappel de Wilfried Zaha en attaque est aussi une bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire, malgré ses relations tumultueuses avec la sélection - il n'a plus joué pour les Éléphants depuis deux ans et les avait déjà boudé entre 2018 et 2021. "Il pourra faire quelques fins de matches soit pour conserver le ballon, soit pour faire des différences", prédit le spécialiste du football africain.
Du côté des jeunes, les regards seront rivés sur la pépite offensive du RB Leipzig, Yan Diomandé. À 19 ans, le jeune attaquant flambe en Bundesliga (six buts et trois passes décisives en 14 matches) et pourrait être l'une des attractions de la CAN. Selon Hervé Kouamouo, "c'est un joueur frisson pour lequel on paie sa place, il est capable de faire des différences individuelles et c'est un attaquant très complet, capable de marquer et de faire marquer les autres".
Reste un obstacle de taille pour les Éléphants : rares sont les équipes victorieuses d’une CAN à réussir le doublé dans l’édition suivante. Seuls l’Égypte (1957, 1959), le Ghana (1963, 1965) et le Cameroun (2000, 2002) y sont parvenus. Les Pharaons sont aussi les seuls à avoir vu triple (2006, 2008, 2010). "Ce genre de performance est très difficile", conclut Hervé Kouamouo. "Mais la Côte d’Ivoire fait quand même partie des favoris pour cette CAN au Maroc… après les Lions de l’Atlas et le Sénégal."
