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Soudan : dix morts dans une frappe de drone sur un marché du Darfour
Une frappe de drone a tué dix personnes samedi sur un marché du Darfour, région de l'ouest du Soudan désormais entièrement contrôlée par les paramilitaires, tandis que les organisations humanitaires ont évacué leur personnel de Kadougli, au Kordofan-Sud, face à l'intensification des combats.
Une Soudanaise qui a fui la ville d'El-Facher après que les forces paramilitaires soudanaises ont tué des centaines de personnes dans la région occidentale du Darfour, attache sa tente dans son camp à Tawila, au Soudan, le dimanche 2 novembre 2025. © Mohammed Abaker, AP

Une frappe de drone a fait dix morts samedi sur un marché du Darfour, une région de l’ouest du Soudan désormais sous contrôle total des paramilitaires, ont annoncé dimanche des secouristes, sans désigner les responsables. Dans la région voisine du Kordofan, où les paramilitaires concentrent actuellement leurs offensives, les organisations humanitaires ont évacué leur personnel de Kadougli, la capitale du Kordofan-Sud, encerclée depuis 18 mois.

Au Darfour, une frappe de drone a fait dix morts samedi dans la ville d’Al-Malha, déclenchant un "incendie dans des commerces", a affirmé la Cellule d’intervention d’urgence, l’un des nombreux groupes de bénévoles actifs à travers le pays pour porter assistance aux civils et documenter les exactions liées au conflit.

Cette ville du Darfour-Nord, l’une des plus septentrionales de la vaste zone désertique située à la frontière avec la Libye, était tombée en mars aux mains des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023. Ni l’armée ni les FSR n’ont réagi à ces informations.

Médecins sans Frontières (MSF) a par ailleurs alerté dimanche sur la propagation de la rougeole au Darfour, affirmant y avoir pris en charge plus de 1 300 cas depuis septembre. "Les retards dans le transport de vaccins, dans les autorisations et la coordination entre autorités et partenaires, laissent les enfants sans protection", a souligné MSF sur X. Le conflit, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, a également entraîné l’effondrement du système de santé.

Le Kordofan, nouvel épicentre des combats

La prise par les paramilitaires en octobre de la ville d’El-Facher, la capitale du Darfour-Nord, a provoqué la fuite de plus de 107 000 civils, selon un nouveau bilan publié dimanche par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Désormais maîtres d’un tiers du territoire soudanais, les paramilitaires ont recentré leurs offensives sur le Kordofan, un vaste territoire qui compte trois Etats riches en pétrole, en or et en terres fertiles. Les communications ont été coupées dans la majeure partie de la région et l’accès internet reste limité.

L’ONU a mis en garde contre le risque de voir se répéter au Kordofan les atrocités commises à El-Facher, où les paramilitaires sont accusés de massacres, violences sexuelles et enlèvements contre des communautés non arabes. Plus de 50 000 civils ont fui le Kordofan depuis fin octobre, selon l’OIM.

A Kadougli, les organisations humanitaires ont "évacué l’ensemble de leur personnel" face à la dégradation des conditions de sécurité, a déclaré dimanche à l’AFP une source au sein d’une association locale. Cette décision a fait suite au retrait de la base logistique des Nations unies de la ville, a-t-elle expliqué sous couvert d’anonymat, sans indiquer où le personnel avait été redéployé.

En novembre, l’ONU a confirmé l’état de famine dans cette ville. Selon des témoignages recueillis par l’AFP, nombre d’habitants en sont réduits à se nourrir de produits trouvés dans la forêt. Le pays est de facto divisé entre les zones tenues par l’armée dans le nord, l’est et le centre, et celles contrôlées par les FSR et leurs alliés, dans l’ouest et certaines parties du sud.

avec AFP