
Les derniers résultats officiels donnent le candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch (photo) vainqueur de l'élection présidentielle ukrainienne avec près de 48,6 % des suffrages.
Viktor Ianoukovitch est en passe d’infliger un véritable camouflet aux principaux protagonistes de la révolution orange, en remportant la présidentielle ukrainienne, cinq ans après le soulèvement populaire qui l’avait contraint à abandonner la tête de l’Etat.
Après dépouillement de 98,5 % des bulletins de vote, le chef de l’opposition est crédité d'environ 48,6 % des voix, soit trois points devant sa redoutable rivale, le Premier ministre Ioulia Timochenko, qui obtient aux alentours de 45,8 % des suffrages, selon les résultats annoncés par la commission électorale centrale.
La chef du gouvernement, égérie de la révolution orange de 2004, n’a toutefois pas encore reconnu sa défaite. "Tant que le dernier bulletin n’est pas comptabilisé, il est impossible de parler d’un quelconque résultat", a-t-elle déclaré, dimanche soir.
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Durant la campagne, Ioulia Timochenko avait menacé d’appeler ses partisans à manifester en masse dans les rues de Kiev en cas de défaite et de suspicion de fraude. "Hier soir, dans une intervention très courte qui contrastait avec son assurance et son attitude presqu’agressive pendant la campagne, la candidate n’a fait aucune allusion à cette possibilité, comme si elle sentait la population trop déçue par la politique pour se mobiliser comme il y a cinq ans", rapporte Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24 en Ukraine.
"On peut néanmoins s’attendre à des contestations mais, cette fois-ci, devant les tribunaux, poursuit Virginie Herz. Le bras droit de Timochenko a d’ores et déjà annoncé son intention de porter plainte contre les résultats dans un millier de bureaux de vote de l’est du pays."
Déçus de la révolution orange
Le président sortant, Viktor Iouchtchenko, arrivé au pouvoir à l’issue d’un "troisième tour" organisé à la suite de la révolution orange, a quant à lui été éliminé de la course dès le 17 janvier, lors d’un premier tour où il n’avait obtenu que 6 % des votes.
En disqualifiant le chef de l’Etat dès le premier tour, les Ukrainiens l’ont durement sanctionné pour sa faiblesse et ses multiples compromissions. Ses querelles incessantes avec son ex-alliée Ioulia Timochenko ont plongé le pays dans un immobilisme inquiétant et les multiples guerres du gaz avec son voisin russe ont fini par lasser.
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Dès dimanche soir, Viktor Ianoukovitch s’est déclaré vainqueur. "Je félicite tout le monde pour la victoire", a-t-il déclaré, s’appuyant sur les sondages de sorties des urnes qui lui attribuent une large avance.
Si son élection se confirme, Viktor Ianoukovitch prendra une revanche spectaculaire sur la révolution orange, qui l’avait écarté du pouvoir en 2004 après des accusations de fraude.
Marge de manœuvre restreinte
"J’ai tout fait pour arrêter cette folie ces cinq dernières années. L’objectif de cette prétendue révolution orange était d’affaiblir la Russie, pas de renforcer l’Ukraine", a-t-il lancé lors d’un entretien télévisé organisé au cours de la campagne électorale.
Réputé pro-russe, Ianoukovitch a pris garde de ne pas froisser les déçus du camp orange et de ne pas apparaître trop proche de Moscou pendant sa campagne, allant jusqu’à prôner un renforcement de la coopération avec l’Union européenne.
Une fois au pouvoir, la marge de manœuvre de Ianoukovitch restera restreinte, du moins pour le moment. "Même si la victoire de Ianoukovitch se confirme, il n’a pas le pouvoir de limoger le chef du gouvernement, qui restera Ioulia Timochenko, explique Virginie Herz. Il devra pour cela s’appuyer sur le Parlement, qui devra adopter un vote de défiance contre le Premier ministre. Cela suppose qu’il ait la majorité au Parlement, ce qui est loin d’être évident."