Le ministre iranien des Affaires étrangères estime qu'un accord final sur l'échange d'uranium entre Téhéran et l'étranger est à portée de main. Les conditions envisagées par l'Iran doivent encore être acceptées par les grandes puissances.
REUTERS - L'Iran se rapproche d'un accord définitif qui pourra être accepté par toutes les parties sur l'échange d'uranium avec l'étranger, a déclaré vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki.
Un tel accord constituerait une avancée majeure dans le bras de fer qui oppose Téhéran aux pays occidentaux dans le dossier nucléaire, mais on ignore encore si les conditions envisagées par l'Iran seront acceptables pour les Etats-Unis et les autres
puissances.
Lors de la conférence sur la sécurité de Munich, Mottaki a précisé qu'il revenait à Téhéran de fixer la quantité d'uranium concernée, ajoutant qu'il rencontrerait samedi le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, pour discuter du dossier.
"Je crois, personnellement, que nous avons créé le terrain favorable pour un tel échange (d'uranium) dans un avenir pas très lointain", a expliqué Mottaki. "Nous pensons que toutes les parties ont manifesté leur volonté politique pour réaliser cet échange", a-t-il ajouté sans nommer de pays en particulier.
Conditions épineuses
Mardi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dit que son pays était finalement disposé à envoyer son uranium enrichi à 3,5% à l'étranger pour qu'il soit transformé en combustible enrichi à 20% pour un réacteur médical iranien.
"Nous devons avoir la garantie des deux côtés que l'uranium à 3,5% sera bien livré d'une part et que celui à 20% sera bien retourné de l'autre", a souligné Manouchehr Mottaki, ajoutant que les trois éléments fondamentaux de l'accord seraient le calendrier, le lieu de l'échange et les quantités impliquées.
Selon le Times, qui cite samedi une copie des propositions envoyées par Téhéran aux parlementaires britanniques, l'Iran souhaite effectuer sa livraison en deux lots et sur son propre sol.
Or, ces deux conditions faisaient partie de précédentes offres de la République islamique, que les pays occidentaux avaient rejetées.
Mottaki a indiqué que l'Iran comprenait bien qu'il faudrait plusieurs mois pour produire le combustible à 20%, et proposé qu'une fois ce lot prêt, il soit échangé "simultanément" contre de l'uranium faiblement enrichi iranien.
Il n'a pas indiqué où cet échange pourrait avoir lieu.
Une autre condition pourrait faire renâcler les Occidentaux : l'Iran tient à pouvoir fixer lui-même les quantités dont il a besoin.
"Nous demandons que la quantité puisse être annoncée par le pays qui utilisera l'uranium enrichi, et cette quantité sera déterminée en fonction de nos besoins, c'est le point le plus important", a insisté Mottaki.
Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a invité son homologue à formaliser sa proposition auprès de l'AIEA.
"Organisez une réunion dès que possible en fonction de ce qui a été convenu (par les six puissances) le 1er octobre. Allez à l'AIEA avec les derniers éléments dont vous parlez et préparez une proposition à leur soumettre", a demandé Bildt à Mottaki.